« La Vipère », de Lillian Hellman

L’art de la Schaubühne

Publié le 27/03/2014
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Crédit photo : A. DECLAIR

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Crédit photo : A. DECLAIR

Théâtre

Les cinéphiles connaissent « The Little Foxes », pièce à succès de l’Américaine Lillian Hellman dont William Wyler fit un film en 1941, avec Bette Davis dans le rôle de Regina, aujourd’hui incarnée par la splendide Nina Hoss.

Thomas Ostermeier, directeur de la Schaubühne de Berlin, a adapté la pièce, qui date de 1939, et la met en scène dans un univers contemporain. Une sorte de salon impersonnel avec, au fond, une salle-à-manger assez froide et, sur le côté, un escalier qui monte à l’étage. Une famille se retrouve autour de questions d’argent. Regina, mariée à un banquier aristocrate, rêve d’autonomie. Elle va tenter de profiter de l’arrivée d’un nouveau partenaire financier, qui propose un accord à ses deux frères, eux aussi hommes d’argent et assez « nouveaux riches », pour injecter son venin dans le jeu… Quatre femmes, cinq hommes dans ce huis-clos de violence et de déchirement. Parmi les personnages, il y a Birdie, épouse alcoolique et suicidaire de l’un des frères. Une sorte de contrepoint de la figure féminine, face à la tranchante et impressionnante calculatrice qu’est Regina.

N’en disons pas plus ! Ostermeier et son dramaturge Florian Borchmeyer ont profondément remanié la pièce, qui est d’une dureté radicale. Magistralement interprétée, souvent drôle, caustique, elle se développe selon un implacable mouvement. Les comédiens de la Schaubühne sont magnifiques, tous. La Birdie d’Ursina Lardl bouleverse, la Regina de Nina Hoss tétanise. Thomas Ostermeier le dit, sans elle, il n’aurait pas monté « la Vipère ». On ne peut qu’admirer cette interprète d’une beauté à la Hitchcock, que l’on connaît notamment par les films de Christian Petzold (« Yella », « Jerichow », « Barbara »). Mais, ici, chacun est remarquable et joue son rôle comme une subtile partition, au soupir près.

Les Gémeaux de Sceaux (tél. 01.46.61.36.67, www.lesgemeaux.com), du 27 mars au 6 avril. À 20 h 45 du mardi au samedi et le dimanche à 17 heures. Durée : 2 h 15. En allemand avec surtitrage.

Armelle Héliot

Source : Le Quotidien du Médecin: 9313