ARTS- À Paris, au musée d’Orsay

L’art pour l’art à l’anglaise

Publié le 16/09/2011
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Crédit photo : CHRISTIE'S IMAGES/THE BRIDGEMAN ART LIBRARY

AUTOUR DE ROSSETTI, peintre et poète, et de l’aesthetic movement, l’art pour l’art, on retrouve ses proches, le peintre Edward Burne-Jones et William Morris, Whistler, figure rebelle qui revient de France acquis aux nouvelles idées de la peinture, les Olympiens avec leurs grandioses sujets classiques autour de Leighton et Watts et le poète Swinburne, qui, par ses publications sexuelles masochistes, s’attire les foudres de ses contemporains.

Ils s’inspirent des styles historiques du passé, réinterprètent l’héritage romain et grec et recherchent les inspirations des cultures islamiques et asiatiques. La récente ouverture du Japon sur le monde crée chez eux un engouement pour les estampes et les céramiques bleues et blanches. Whistler décore en harmonie de bleu et or la pièce des paons de l’armateur Leyland, pour qu’il y installe sa collection de porcelaines.

Leur première exposition, à la Grosvenor Gallery en 1877, leur attire un public d’aristocrates intellectuels et de riches entrepreneurs qui souhaitent avoir leur portrait et décorer leur maison. L’homme d’affaires et mélomane Fréderick Lehmann fait décorer son salon de frise de paons et de gerbes de fleurs par Albert Moore et y accroche ses aquarelles de Turner. Pour les peintres, l’harmonie des couleurs et de la forme prime sur le sujet. Pour le mobilier, on privilégie l’élégance et l’agencement intérieur. À l’instar de William Morris, qui proclame « N’ayez rien dans votre intérieur que vous ne pensiez utile ou beau », se développe l’artisanat d’art destiné aux classes aisées et moyennes. C’est le mouvement Arts an Crafts, qui, en collaboration avec des écoles d’art et des entreprises, crée des meubles, des tissus, dont le célèbre Liberty, et des papiers peints aux motifs naturalistes.

Coïncidant avec une période d’expansion économique, toute la création artistique est touchée par ce mouvement, la mode féminine, les bijoux, la photographie, la ferronnerie et une grande attention est portée à la reliure de livres car le mouvement est aussi celui des poètes. Oscar Wilde en est le protagoniste emblématique et sa disgrâce portera préjudice au mouvement à la fin du siècle.

« Beauté, morale et volupté dans l’Angleterre d’Oscar Wilde », musée d’Orsay (www.musee-orsay.fr), jusqu’au 15 janvier.

CAROLINE CHAINE

Source : Le Quotidien du Médecin: 9005