ARTS - À Giverny, « Bonnard en Normandie »

Le bonheur de vivre

Publié le 29/04/2011
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Crédit photo : ADAGP

C’EST EN 1910 que Pierre Bonnard s’installe à Vernonnet, à 5 km de Giverny, aux portes de la Normandie. Il y séjourne régulièrement jusqu’en 1938, date à laquelle il s’installe définitivement au Cannet, près de Cannes. Bonnard, « classique moderne » qui frôla les limites de l’abstraction, s’éloigna au début du siècle de l’esthétique Nabi (un art simplifié, très décoratif, aux formes synthétisées, et dans lequel la nature est glorifiée) pour renouveler son langage. C’est au cœur de cette nature verdoyante et des villages normands qu’il parvint peu à peu à réaliser son souhait le plus cher : non pas « peindre la vie mais […] rendre vivante la peinture ».

À Vernonnet et alentours, de Vernon à Trouville, Bonnard développa de nombreux thèmes, outre les paysages aux tonalités radieuses : les nus féminins, qu’il peignit dans toutes les attitudes, sous tous les angles, baignés d’une lumière tantôt pastel, tantôt éclatante, par petites touches animées ; les intérieurs intimistes et les natures mortes, dans lesquels se lisent les détails du bonheur simple au quotidien… Dans les dessins de Bonnard, la feuille est saturée de motifs ou au contraire tend vers l’épure. L’artiste développe tantôt un graphisme rigoureux, tantôt impulsif. Il émane de ces œuvres graphiques, à l’image des peintures, un mélange de douceur de vivre et de mélancolie.

Tout respire la plénitude, la légèreté, la grâce. Les toiles de Bonnard exultent, excitées par on ne sait quelle magie du pinceau. Les formes sont épurées, parfois à l’extrême. Les lignes, souples et sinueuses, déploient de subtiles arabesques. Les couleurs, éclatantes, rayonnantes, sont disposées en aplats. La lumière est douce ou au contraire violente et extrême. On est devant une peinture vibrante, une peinture de sensations.

Musée des Impressionismes. 99, rue Claude Monet, tél. 02.32.51.94.65. Tlj de 10 à 18 heures (dernière admission : 17 h 30). Jusqu’au 3 juillet. Catalogue, 152 p., Coédition musée des Impressionnismes/Hazan, 29 euros.

DAPHNÉ TESSON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8952