UN HOMME, jeune encore, et cultivé, vit à Saint-Pétersbourg des rentes que lui fournit la propriété où il a passé son enfance. Oblomov a beaucoup de charme et de profondes qualités. Mais il ne veut plus rien faire, plus rien entreprendre. Il reste couché toute la journée, houspillant son fidèle serviteur Zakhar (Yves Gasc), et lorsque son ami Stolz (Sébastien Pouderoux) veut le sauver et lui présente une jeune femme magnifique, Olga (Marie-Sophie Ferdane), il s’arrange pour tout faire capoter.
Le roman de Gontcharov date de 1859. Il mêle la vie quotidienne et les songes d’Oblomov. Il a notamment été traduit en français par Arthur Adamov. Ici, c’est sur la traduction plus récente d’André Markowicz que s’appuie Volodia Serre, metteur en scène qui connaît très bien le domaine russe. Évidemment, lorsque l’on monte au théâtre « Oblomov », il faut trouver comment passer de la conscience à la semi-conscience et au rêve. La vidéo de Thomas Rathier, dans des registres changeants, apporte une bonne réponse.
Les comédiens, tous excellents, sont bien distribués et dirigés. Yves Gasc a la saveur d’un personnage à la Tchekhov (comme le vieux Firs de « la Cerisaie », évidemment). Sébastien Pouderoux possède une autorité et une prestance qui vont très bien à Stolz. Marie-Sophie Ferdane est musicienne. Elle chante d’une manière inouïe « Casta Diva », l’air qui entête le héros. Elle est toute grâce et intelligence. Quant à Guillaume Gallienne, il sait suggérer, avec un art qui subjugue, la complexité du personnage. Son enfance palpitante, sa désinvolture parfois, ses caprices, sa gravité, sa sincérité, son désespoir et sa lucidité. Un faisceau de nuances impalpables qui donnent à la fois une densité impressionnante à Oblomov et une transparence de songe. C’est très beau et l’on réfléchit longtemps à cette maladie de l’âme que nous n’en finirons jamais de sonder.
Théâtre du Vieux-Colombier (tél. 01.44.39.87.00/01, www.comedie-francaise.fr), mardi à 19 heures, du mercredi au samedi à 20 heures, dimanche à 16 heures.
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