Kumasi, au sud-ouest du Ghana. Le roi Otumfuo Osei Tutu II, 16e de la dynastie des Ashantis, fait son entrée sur un baldaquin. Porté par des assistants, bras et doigts ceints d’énormes bijoux en or, l’homme fend la foule joyeuse avec des gestes de pape. Avant lui se sont succédé des dizaines de petits rois ashantis et de tribus amies. Tous entourés d’un cérémonial d’un autre âge, avec féticheurs à chapeaux de plumes, guerriers enduits de suie et femmes en robes kenté colorées. C'est à qui arborera le plus de richesses.
Quelques jours plus tôt, près de Sokodé, au Togo, village de Kparatao. Des hommes attisent un feu sur la place. L’un après l’autre, au son de percussions, ils se frottent bras, jambes et torse avec du bois incandescent. Tous avalent aussi des braises… Sorcellerie ? Non, ancien rite guerrier des « mangeurs de feu », pour effrayer l’adversaire ! Il en va ainsi chez les Tems, l’une des nombreuses ethnies que comptent le Ghana, le Bénin et le Togo.
Ces deux exemples montrent à quel point l’Afrique de l’Ouest reste imprégnée de traditions. Ni la traite négrière, ni la colonisation (Danois, Suédois, Hollandais, Allemands, Portugais, Français !) n’ont démantelé le puzzle ethnique qui constitue toujours la trame du Ghana anglophone et du Togo et du Bénin francophones.
Le Bénin, justement. Berceau du culte vaudou, il dévoile à Ouidah, cité portuaire du golfe de Guinée, un pan des racines culturelles régionales. L’ethnie Fon, majoritaire, y vénère les pythons, symboles de la force. Un exemple d’animisme dans cette ville connue, à l’image d’Elmina et de Cape Coast au Ghana, comme ancien port négrier vers l'Amérique du Sud. La Route des esclaves en témoigne, 4 km conduisant d’Ouidah à l’arche du Non-Retour, dernière porte terrestre avant l’océan et l’exil.
Le vaudou est aussi présent à Aménoudji Kondj. Dans ce village de huttes en pisé perdu à une heure de route de Lomé, capitale du Togo, il a été décidé, en ce mois d’avril, d’invoquer les âmes célestes pour obtenir de bonnes récoltes. Toute la soirée, hommes et femmes vêtus de pagnes colorés vont danser et chanter. Musique, chaleur, alcool… L’effet ne tarde pas : deux femmes se jettent soudain au milieu des autres, tétanisées, les yeux hagards. En transe. Legba, divinité vaudoue, leur a sans doute parlé…
Au sud du Bénin, le lac Nokoué effleure Cotonou, plus grande ville et principal port du, pays. Cette étendue saumâtre de 160 km² est la patrie des Toffinous, peuple de pêcheurs dont les ancêtres se sont réfugiés sur ses berges au XVIIIe pour échapper à l’esclavage. Trente minutes de pirogue mènent à Ganvié, immense ville lacustre. Des centaines de maisons sur des pieux en bois ; des femmes pagayant sous d’immenses chapeaux de paille ; des marchandes de légumes échangeant des produits bord à bord…
Quittant Lomé et son marché des féticheurs, la route du nord grimpe dans une Afrique où l’exubérance tropicale fait peu à peu place à une végétation plus sèche. La tradition tribale et royale perdure. À 2 h 30 de route au nord de Cotonou, voici Abomey. Pendant 250 ans, l’ancienne capitale du royaume du Danxomè (ou Dahomey) a assuré la suprématie des Fons. La ville comptera jusqu’à 12 palais. Deux subsistent, où un duo de descendants royaux entretient la mémoire à coups de rites festifs.
Maisons-forteresses
Le nord du Bénin et du Togo est le territoire des Sombas, des Tanekas et des Peuls. Près de Djougou, sous une chaleur de plomb, le village de Taneka Béri est dirigé par le roi Tinigassawa. Son air patelin ne fait pas oublier l’immense pauvreté des habitants, logés sous des huttes sommaires.
Le territoire somba est à peine mieux loti. Ici, les maisons ont l’allure de forteresses, avec leurs greniers-tourelles à céréales. L’esthétisme de l'architecture lui a valu son classement à l’Unesco. La beauté des Peuls est plus voyageuse. Leurs huttes rondes, leurs vaches maigres et leurs femmes fières tissent un fil rouge à travers ces trois pays au charme ensorcelant.
Pour l'Afrique de l'Ouest, comme pour d'autres pays dans le monde situés en « zone de vigilance renforcée », ne pas oublier de consulter les Conseils aux voyageurs du ministère des Affaires étrangères : www.diplomatie.gouv.fr
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