Il se voyait écrivain, aimait Baudelaire et Flaubert, qu’il traduira et dont il conserve pour le premier « l’esprit » et pour le second « la méthode ». Il étudie la littérature à la Sorbonne et au Collège de France, mais, de retour à New York, décide en 1930 de devenir photographe.
Très au fait de l’avant-garde, il s’adonne à la photo moderniste, avec des vues urbaines en contre-plongée, des cadrages serrés et des gros plans. Puis surviennent deux rencontres déterminantes. L’éditeur Lincoln Kirsten le convainc de photographier l’architecture victorienne de l’Amérique et Berenice Abbott lui montre les clichés du vieux Paris d'Atget, dont elle a racheté le fond. Désormais, ses sujets seront vernaculaires, c’est-à-dire populaires, ceux de l’Amérique profonde.
L’exposition est organisée en deux parties. La première est centrée sur les sujets, les baraques en bois des bords de route, les étals de marché, les vitrines, les affiches, les enseignes peintes et les anonymes. Les « gens ordinaires », qui, avec leur accord, sont cadrés de manière frontale et « parlent avec leurs yeux ».
En 1935, au cœur de la Grande Dépression, la Farm Security Administration (FSA), dans le cadre du New Deal, lui confie la mission de documenter la vie des métayers, afin de pouvoir leur venir en aide. Cette série, sa plus connue, donne lieu à un livre culte avec l’écrivain James Agee et incarne les visages de la Grande Dépression, avec les clichés de Dorothea Lange. Suivront ce qu'Evans considère comme la part sombre du modernisme, les maisons abandonnées, les cimetières de voitures et les déchets.
De style documentaire
Dans la deuxième partie de l’exposition, c’est sa méthode qui est mise en évidence, une manière de photographier systématique au plus proche de la réalité, sans aucune recherche artistique, à l’opposé de son contemporain Stieglitz. Ce sont donc les villes, avec leurs rues et les monuments, les façades d’église, les passants saisis de manière automatique, les outils et même les sculptures africaines à la manière d’un catalogue.
Souvent qualifié de photographe documentaire, Walker Evans corrigeait : « De style documentaire. Vous comprenez, un document a une utilité, alors que l’art n’en a aucune. » Il laisse une œuvre magistrale qui inspirera de nombreux photographes, en particulier ceux de l’École de Düsseldorf dans les années 1970, avec le couple Becher.
Tous les jours sauf mardi de 11 à 21 heures. Jusqu’au 14 août. Tél. 01.44.78.12.33, www.centrepompidou.fr
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