Théâtre
Une femme qui a fait fortune revient dans le village de sa jeunesse pour se venger d’un homme qui, autrefois, l’a abandonnée. Elle trouve l’appui des notables, à qui elle promet de l’argent. Auparavant, elle a secrètement racheté toutes les industries, les usines et les a fermées, semant la misère. C’est tout. « La Visite de la vieille dame » est une pièce qui date des années 1950 et peut paraître un peu vieillie, parce que Dürrenmatt s’amuse à exagérer les traits et les actions. Son héroïne, Clara (Danièle Lebrun), prétend épouser son 8e mari. Il y en aura un 9e, rassurons-nous. Elle se promène avec sa jambe de bois, un fauve, un cercueil : elle est aussi théâtrale que Sarah Bernhardt…
Mais la pièce, et c’est en cela qu’elle est profondément intéressante, n’est pas seulement celle d’une héroïne, c’est une pièce de troupe. On peut pinailler sur certaines décisions esthétiques (des costumes un peu trop sophistiqués) et des décisions de sens (à la fin, les notables, en chœur, semblent dans la déploration, or ils sont heureux !), mais les comédiens sont tous engagés et portent leurs personnages avec beaucoup de force.
C’est un rôle de légende pour une comédienne. Danièle Lebrun, sous des perruques à la Louise Brooks (avec couleurs changeantes), est une Clara menue qui puise son autorité dans le charme, l’extravagance, le calcul, la perversité. Face à elle, son ancien amoureux, un épicier fatigué, est parfaitement incarné par Samuel Labarthe, tandis que Christian Gonon s’amuse avec la partition des maris et Yves Gasc avec les jumeaux aveugles au service de l’impérieuse milliardaire. Le chœur des notables est tenu par les grands sociétaires, Simon Eine, Gérard Giroudon, Michel Favory, Christian Blanc. Céline Samie est l’épouse de l’épicier tandis que trois récents pensionnaires entrent dans la ronde de la troupe : Didier Sandre, le pasteur sans scrupule, Pauline Méreuze et Noam Morgensztern, dans une cascade de rôles.
Le décor de Catherine Bluwal, la musique de Vincent Butori, tout ici est soigné. Le spectacle ne convainc cependant pas complètement : l’écrivain suisse de langue allemande est hanté par le carnaval, si puissant dans son pays, et la mise en scène efface un peu la férocité sarcastique qui irrigue son œuvre. Il manque on ne sait quoi de plus fou et méchant qui conserve à cette pièce, qui parle de collaboration et de lâcheté épouvantable, toute sa force dévastatrice.
Théâtre du Vieux-Colombier (tél. 01.44.39.87.00/01, www.comedie-francaise.fr), à 19 heures le mardi, à 20 heures du mercredi au samedi, à 16 heures le dimanche. Durée : 2 h 10. Jusqu’au 30 mars.
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série