Jazz-rock
Blue Note est une maison de disques qui a joué un rôle essentiel et remarquable dans l’histoire du jazz enregistré. Le label a été fondé en janvier 1939 par Alfred Lion, un jeune juif allemand qui avait fui le nazisme, rejoint à l’automne de la même année par un de ses amis, Francis Wolff, également photographe, émigré aux États-Unis pour les mêmes raisons. Avec pour devise « Le meilleur du jazz depuis 1939 » et pour ingénieur du son fut le célèbre Rudy Van Gelder, il a accueilli tous les styles de jazz, du boogie woogie à l’avant-garde, même si sa marque de fabrique reste le bebop, le hard bop, le post-bop et le jazz des années 1950-1960.
Afin de commémorer dignement ses 75 printemps, les dirigeants actuels de la marque (distribuée par Universal) viennent de lancer la Blue Note Record 75th Anniversary Vinyl Initiative, dont l’objectif est de proposer aux amateurs la réédition, uniquement en vinyle 33-tours (180 g), de pièces maîtresses du catalogue dans leur présentation iconique d’origine, à raison de cinq par mois.
Deux perles
La première série, parue voici quelques semaines, comprenait deux œuvres impérissables et essentielles dans l’histoire du jazz contemporain. Tout d’abord le fameux « Blue Train » de John Coltrane, unique disque du saxophoniste-ténor enregistré pour la marque en 1957, avec un line-up d’anthologie, rassemblant Lee Morgan (trompette), Curtis Fuller (trombone), Kenny Drew (piano), Paul Chambers (contrebasse) et Philly Joe Jones (batterie). L’autre perle étant le tout aussi fameux « Out To Lunch » du multi-instrumentiste (alto-saxe, clarinette basse et flûte) Eric Dolphy, gravé en 1964 quelque mois avant sa mort et qui annonce les prémices de l’avant-garde naissante, avec à la batterie un tout jeune (18 ans) et prometteur rythmicien, Tony Williams. Parmi les autres parutions : « Free For All » d’Art Blakey et ses Jazz Messengers (1964), « Speak No Evil » de Wayne Shorter (1965) et une très belle rareté, « Unity » (1966), de l’organiste Larry Young, avec le trop méconnu trompettiste Woody Shaw, Joe Henderson (saxe-ténor) et Elvin Jones, le, légendaire batteur du Quartet de John Coltrane.
La deuxième vague de sorties est également riche en trésors. Comme cet enregistrement du trio d’un autre multi-instrumentiste, surtout considéré comme le père du free jazz, Ornette Coleman (saxe-alto, violon, trompette), « At The Golden Circle » de Stockholm (vol. 1), datant de 1965 (David Izenzon, contrebasse, Charles Moffett, batterie). Comme encore « Our Man in Paris » (1963), très belle rencontre entre l’élégant saxophoniste-ténor Dexter Gordon, qui résidait alors à Paris, avec Bud Powell (piano), Pierre Michelot (contrebasse) et Kenny Clarke (batterie). Comme aussi « Somethin’ Else » (1958), de Julian « Cannonball » Adderley (alto-saxe), avec notamment comme invité Miles Davis. Sans oublier un album charnière dans la carrière d’Herbie Hancock, « Maiden Voyage » (1965) ; et « A Night at The Village Vanguard » (1957), le grand Sonny Rollins en direct pour la première fois à la tête de son combo.
Autant de rééditions absolument indispensables (quel que soit le format !) en attendant d’autres chefs-d’œuvre, jusqu’en octobre 2015.
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