ARTS - De la blouse à la toile blanche

Les peintres médecins s’exposent

Publié le 14/06/2011
Article réservé aux abonnés
1311080660261668_IMG_62847_HR.jpg

1311080660261668_IMG_62847_HR.jpg
Crédit photo : DR

CETTE ANNÉE, la sélection a été rude et l’occasion est donnée aux médecins qui n’ont jamais exposé de présenter et de faire partager leurs émotions. Certains peignent depuis longtemps, comme le Pr Schwartz, rejoint par d’autres qui se lancent et présentent cette année des œuvres étonnantes qui témoignent d’un sens artistique tout à fait sérieux. Aimé Bénichou, qui a fait un détour par les Beaux-Arts et vécu de sa peinture durant huit ans avant de commencer médecine, est à l’origine de l’association réunissant ces peintres médecins. Ils exposent depuis près d’un demi-siècle avant l’été dans l’ancienne faculté de médecine, au cœur de l’université Paris-Descartes, à Paris.

Rien d’amateur dans cette initiative et les 500 m² d’exposition fréquentés tous les ans par plus de 10 000 visiteurs sont à même de faire pâlir d’envie n’importe quelle galerie. Cinq personnes se mobilisent durant trois jours pour accrocher ces œuvres, désormais réunies en trois catégories. On peut y croiser cette année quelques classiques, parmi lesquels Daniel Berman ou Claude Schenker, qui invitent à rêver, non loin des abstraits avec les créations de Lao Qi, Muriel Prieur Gold ou encore Michèle Montagnier. Entre les deux, un espace est dédié aux aquarelles sculptures et acryliques, voisines de quelques collections particulières visibles pour la première fois. On y retrouve notamment cinq œuvres de Georges Kouchner, parmi lesquels un visage au fusain au regard perçant d’humanité.

En 2011, la moitié des médecins présents y exposent pour la première fois. En médecine, il n’y a pas de « salon des refusés », insiste Aimé Bénichou, qui explique avoir dressé une liste aléatoire ou liste d’attente. « On donne des conseils à ces peintres médecins, qui font preuve d’un réel sens artistique. Pour démarrer, ils sont souvent de fins connaisseurs, ils achètent et recherchent la promiscuité avec les peintres. » Toutes les spécialités médicales sont représentées mais les ORL et les chirurgiens semblent cette année les plus nombreux à partager leurs aventures. Un besoin d’évasion qui passe par une remise en cause totale dans un exercice tellement éloigné de la froide vérité scientifique. Au-delà de la technicité médicale, place à l’émotion. Les femmes médecins sont cette année très majoritaires dans l’exposition, proposant des approches, des sujets et des couleurs d’une diversité inouïe.

Une belle initiative que ce salon, qui permet aussi de découvrir d’autres facettes de confrères ou de professeurs qu’il a parfois été bien difficile d’approcher. La création, le plaisir et l’émotion changent les codes et cette exposition qui ne bénéficie d’aucune subvention met au grand jour les personnalités et les sensibilités étonnantes qui se cachent derrière les blouses blanches.

44e Salon des peintres médecins, à découvrir, jusqu’au 25 juin à l’université Paris Descartes (ancienne faculté de médecine), 12, rue de l’École de médecine ou 83, boulevard Saint-Germain, 75006 Paris.

LAURENCE MAUDUIT

Source : Le Quotidien du Médecin: 8981