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Les saveurs de l’été

Publié le 15/06/2015
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Disparu l’été dernier à l’âge de 76 ans, le contrebassiste Charlie Haden est l’objet de plusieurs albums à titre posthume. Notamment en duo. Après un disque avec le guitariste Jim Hall, également décédé en 2014, voici « Tokyo Adagio » (Impulse/Universal), enregistré en 2005 avec le pianiste cubain Gonzalo Rubalcaba lors d’une série de concerts donnés au club Blue Note de la capitale japonaise. Cet album marque l’ultime étape de la fructueuse collaboration entre le contrebassiste et le pianiste, commencée lors de leur première rencontre à Cuba en 1986. La musique cultive l’art de la nuance et évolue dans la stratosphère, tant la complicité entre les deux solistes est remarquable et… complice ! Chacun à l’écoute de l’autre, pour ciseler un jazz mélodieux, y compris la reprise d’un thème d’Ornette Coleman, et intense dans le jeu. Un pur joyau.

Désormais libéré du fameux trio de Keith Jarrett, avec qui il a travaillé pendant plus de trente ans, le contrebassiste Gary Peacock, 80 ans, travaille aujourd’hui à réinventer tout un esprit et tout un art du trio avec sa propre formation – Marc Copland au piano et Joey Baron à la batterie. « Now This » (ECM/Universal), son dernier album, entre parfaitement dans cette démarche. La barre a été placée très haut, avec la reprise de compositions de membres du groupe et une d’un autre bassiste emblématique, Scott LaFaro, « Gloria’s Step ». Certes, beaucoup d’ombres et de fantômes planent sur ces trois solistes hors pair, mais la magie opère parfaitement, tout comme le charme des mélodies. Un pur régal.

Retour aux sources

Après avoir tutoyé pendant près d’une décennie les musiques urbaines actuelles – et obtenu un Grammy Award dans la catégorie Meilleure performance R&B traditionnelle (sic !) – avec son groupe Experiment, le claviériste Robert Glasper revient à ses premières amours, à savoir le trio. Désormais « Artiste Steinway », il a retrouvé ses complices acoustiques Vicente Archer (contrebasse) et Damion Reid (batterie), pour l’enregistrement de « Covered » (Blue Note/Universal), un CD qui renferme plusieurs reprises contemporaines (Radiohead, John Legend ou Joni Mitchell ), un titre avec un invité de marque, Harry Belafonte, et des thèmes personnels. Le retour aux sources particulièrement mélodieux et réussi d’un pianiste très expressif.

Le saxophoniste James Brandon Lewis est un fusionneur, à l’image de beaucoup de musiciens de sa génération. Dans un précédent CD, le trentenaire, qui a joué avec des poids lourds comme Charlie Haden, Joshua Redman ou Dave Douglas, avait mélangé gospel et free-jazz. Dans son nouvel album, « Days of Freeman » (Okeh/Sony Music), il marie du jazz-funk au hip-hop et au rap. Avec quand même un fond de culture jazzy et une référence à certaines traditions à travers quatre chapitres musicaux et avec l’aide d’accompagnateurs solides, comme le bassiste Jamaaladen Tacuma et divers vocalistes. Une musique groovy.

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du Médecin: 9420