BREF HISTORIQUE : les « Nozze di Figaro » de Mozart et Da Ponte d’après Beaumarchais n’avaient jamais été chantées à Paris dans leur italien original quand, à son arrivée à la tête de l’Opéra de Paris en 1973, Rolf Libermann demanda à Giorgio Strehler, Ezio Frigerio et Franca Squarciapino, équipe hautement prisée à la Scala de Milan, étalon du bon goût de l’époque, d’en réaliser une mise en scène pour ouvrir son ère, avec Georg Solti à la baguette et une distribution à faire pâlir les étoiles. Après deux soirées de gala au château de Versailles (on était sous la présidence de Pompidou et l’argent coulait à flots), cette production s’installa au Palais Garnier jusqu’en 1980, heure du départ de Lieberman. À cette occasion, il fit revenir quasiment les interprètes de 1973. De nombreux autres sont venus dans l’intervalle mais toujours de même prestige, comme on peut le lire dans son ouvrage « En passant par Paris » (Gallimard), et le spectacle fut filmé et diffusé par France 2. C’est dire que l’INA en possède les droits et que l’on peut trouver cette transmission dans les circuits parallèles pour voir rien moins que José van Dam, Lucia Popp, Gabriel Bacquier, Gundula Janowitz, Frederica von Stade, Kurt Moll et Jane Berbié… sous le bâton électrisant de Georg Solti.
Par la suite, la production sommeilla jusqu’à ce qu’on l’agrandisse dans les années 1980 pour la toute nouvelle salle Bastille, où elle n’avait plus le même charme, ni les mêmes distributions. Gérard Mortier la fit détruire lors de son directorat et le premier soin de Nicolas Joel, à son arrivée à Paris, fut de la faire reconstruire et remonter par Humbert Camerlo, assistant de Strehler à l’époque de sa création. C’est elle que l’on a pu voir tout récemment à la Bastille, où elle a été filmée en 2010 par Bel Air Média, sous la direction musicale de Philippe Jordan. Si les chanteurs sont bons mais pas exceptionnels (Tézier, Frittoli, Siurina, Pisaroni), cette captation rend justice au projet original par la qualité de la photographie et des éclairages. Les fameux clairs obscurs, les perspectives, même un peu de la direction d’acteurs originale peuvent y prétendre.
Il y a quelques mois, Arthaus Musik a publié la version milanaise de 1980 de cette production, dans laquelle on retrouvait les décors mais pas le luxe infini accordé aux détails vestimentaires, aux perruques, aux accessoires. La distribution y est sensiblement meilleure (Spagnoli, D’Archangelo, Damrau), pas la direction (Gérard Korsten), ni la façon de filmer qui rend moins justice au travail d’orfèvre de l’inoubliable maestro Strehler.
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