LA MÊME SEMAINE, la France célébrait le cinquantenaire de la disparition de Cocteau et de Piaf, pleurait le décès d’un metteur en scène qui était parvenu, par son travail cinématographique, théâtral, et à l’opéra, au rang de mythe. On fêtait aussi, le 10 octobre, le bicentenaire de la naissance d’un des compositeurs majeurs du XIXe siècle, Guiseppe Verdi, et ce soir-là, à l’Opéra de Paris, avait lieu la première d’une nouvelle production d’« Aïda » – son opéra le plus emblématique, qui n’y avait pas été donné depuis 45 ans, abandonné aux stades et palais de congrès. Aux commandes, le directeur musical de l’Opéra de Paris, le jeune chef Philippe Jordan, favori du public, qui, par sa précision et son acuité musicale a élevé le niveau musical de la soirée, mais sans atteindre encore au plein lyrisme chaleureux que l’on attend de l’œuvre.
Sur scène, c’est à Olivier Py que l’on avait confié le plus gros du travail. Le nouveau directeur du festival d’Avignon, dont la réputation de metteur en scène d’opéra a été sérieusement écornée au début de la saison avec une « Alceste » très contestée (« le Quotidien » du 23 septembre), a dû essuyer la colère d’une grande partie du public au rideau final. Il lui faudra, pour revenir à flot, réussir « Dialogues des Carmélites », de Poulenc, en décembre, devant le public encore plus traditionaliste du Théâtre des Champs-Élysées. Son « Aïda », avec un beau décor monumental or et noir et des costumes de Pierre-André Weitz mêlant les genres civils, militaires et religieux, est un gros mille-feuille indigeste. Qu’« Aïda » soit un opéra seulement politique, que l’on puisse y fourrer la lutte entre les Autrichiens et les Italiens, le Risorgimento, l’oppression des Éthiopiens par les Égyptiens, puis plus tard des Éthiopiens par Mussolini, et même l’Inquisition espagnole et le Ku Klux Klan, ainsi que quelques slogans d’un goût douteux, tout cela constitue, en l’absence de vraie direction d’acteurs, un amalgame écœurant. La distribution (l’une des deux en alternance) n’a pas donné satisfaction. Seuls Marcello Alvarez (Radamès) et Luciana D’Intino avaient le format vocal requis, sinon le petit plus qui fait les grandes distributions. Naufrage relatif, certes, car quelques belles images resteront, mais on est loin du compte et, aux tarifs de l’Opéra, on comprend la réaction de colère des spectateurs.
Les adieux d’une grande.
Le même soir, à Garnier, la plus simple, charmante et belle des danseuses étoiles du Ballet de l’Opéra de Paris, Agnès Letestu, atteinte par la fatidique limite d’âge (42 ans pour les femmes), tirait sa révérence dans un rôle qu’elle a marqué pour toujours, celui de Marguerite Gautier, dans une des plus inspirées et belles chorégraphies de John Neumeier, « la Dame aux Camélias ». Avec un coût bien moins important que celui d’une production comme « Aïda » et le peu d’artifices qu’impose la danse, ce qu’elle a réalisé aux côtés de Stéphane Bullion, dans cette série de représentations d’adieux, sera un souvenir ineffaçable. En cette semaine chargée en commémorations, c’est vraiment la simplicité qui a payé et c’est cette grande dame de la danse française qui a vraiment marqué. Belle leçon !
« Aïda » à l’Opéra de Paris-Bastille (tél. 0892.89.90.90, www.operadeparis.fr ), jusqu’au 16 novembre. Diffusion en direct dans les cinémas UGC et indépendants le 14 novembre à 19 h 30.
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