* En une vingtaine d’années, Brad Mehldau s’est installé dans le paysage jazzy comme une référence en matière de piano et surtout de trio. À 42 ans, lui qui s’est inspiré de Bill Evans et de Keith Jarrett, notamment, a su créer son style propre et une école, qui adore mélanger standards du jazz et nouveaux standards, issus du rock et de la pop. Son dernier CD, « Where Do You Start » (Nonesuch/Warner Music), gravé avec ses fidèles complices Larry Grenadier (contrebasse) et Jeff Ballard (batterie), reprend des thèmes de Sonny Rollins, Chico Buarque, Elvis Costello, Jerry Cantrell (le guitariste d’« Alice in Chains »), Nick Drake, Clifford Brown, et surtout transpose et explose « Hey Joe », immortalisé par Jimi Hendrix. Grâce à son extraordinaire maîtrise technique et harmonique, le pianiste parvient à faire revivre l’esprit et le style improvisé et à jamais magnifié par le lyrique jeu de guitare d’Hendrix. Absolument magistral (1).
* *Venu de la scène du jazz de Tel-Aviv, Yaron Herman, 31 ans, promis à une carrière de basketteur de très haut niveau, est devenu un des meilleurs pianistes de sa génération à cause d’une grave blessure au genou. Habitué aux formules en duo et surtout en trio, il s’exprime pour la première fois en formation élargie (quartette ou quintette) dans « Alter Ego » (Act/Harmonia Mundi), son dernier album. En faisant entrer deux saxophonistes, Émile Parisien et Logan Richardson, selon les titres, le leader porte ses propres compositions, en majorité dans le disque, à un niveau inégalé jusqu’à présent, aussi bien mélodiquement qu’harmoniquement. Un autre Yaron Herman est né qui se dévoile sans barrière (2).
* Lauréat du concours Martial Solal, vainqueur des Django d’Or 2010, le pianiste Thomas Enhco, 23 ans, s’est très rapidement révélé comme un des grands espoirs du jazz hexagonal. Son nouvel album, « Fireflies » (Label Bleu/Giant Steps/Sphinx), enregistré en trio avec Chris Jennings (contrebasse) et Nicolas Charlier (batterie) et composé de 13 pièces originales (sauf une), se veut avant tout romantique. À l’image de ses glorieux aînés, le jeune homme apporte beaucoup de lyrisme à des mélodies très personnelles grâce à des improvisations lumineuses et fouillées (3).
* Baptiste Herbin, 24 ans, est l’une des révélations du jazz made in France pour 2012. « Arrière-petit-fils » de Charlie Parker et Cannonball Adderley pour le style et la maîtrise du saxophone-alto, son jeu se situe dans la grande tradition du bebop et du post-bop. Une filiation parfaitement illustrée et assumée à l’écoute de son premier CD, « Brother Stoon » (Just Looking/Harmonia Mundi), enregistré en compagnie notamment de Pierre de Bethman (piano) et du vétéran André Ceccarelli (batterie). À Bird, le jeune altiste a emprunté phrasé, vélocité, sonorité, voire le lyrisme, sans pour autant renier sa propre personnalité, en ouvrant sa musique aux cousines du jazz. Une découverte décoiffante (4).
(1) Paris, salle Pleyel (www.sallepleyel.fr), 21 novembre.
(2) Paris, Le Trianon, festival Sunset hors les murs (www.sunset-sunside.com), 29 octobre.
(3) Paris, Sunside, 15 et 16 novembre, Jazz à Roland Garros (www.sunset-sunside.com) le 17, festival Jazz au Fil de l’Oise (www.jafo95.com) le 8 décembre.
(4) Paris, Duc des Lombards, du 10 au 12 décembre.
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