DANS UN MONDE où règnent en maître les accès aux encyclopédies numériques, offrir un voyage à travers les pages d’un livre dans le monde du jazz peut relever de la gageure. Ce défi du siècle dernier a été lancé avec « 100 ans de jazz - Le coffret » (Éditions Atlas, Collection « Art-culture-référence », 184 p., 29,99 euros), de Philippe Margotin. Deux livres qui balaient plus d’un siècle d’une musique universelle en constante r(é)volution, l’un offrant une plongée dans le jazz classique, l’autre sur le jazz moderne, avec des incursions dans les nombreux styles actuels. Ces ouvrages, encyclopédiques mais pas trop et agréablement illustrés, rendent hommage non seulement à ces grands noms qui ont façonné l’histoire du jazz mais aussi à des villes et des lieux légendaires. Ou comment (re)découvrir de belle pages du jazz.
Nina Simone et Billie Holiday. Deux femmes et chanteuses aux destins si différents dans l’histoire de la musique afro-américaine. « Nina Simone - Du blues au poing levé », de Florent Mazzolini, et « Billie Holiday - Le roman d’une rebelle », de Sébastien Danchin, sont agrémentés chacun de deux CD rassemblant certains de leurs plus grands succès (Sony Music, 26 euros). Ils retracent les parcours, souvent chaotiques, de ces deux égéries de la conscience musicale et politique féminine africaine-américaine. Avec une mention particulière pour le livre de Sébastien Danchin. Car si tout le monde (ou presque) connaît les drames vécus par Billie « Lady Day » Holiday – alcool, drogues, prostitution, violences, etc. –, l’auteur veut insister sur des aspects plus positifs et sereins d’une vocaliste mythique qui fait encore rêver les apprenties chanteuses d’aujourd’hui. Quant à Nina Simone, héroïne de la lutte pour les droits civiques aux États-Unis, elle se situait au niveau de ses performances vocales dans la droite ligne de la grande Billie, aux confins du jazz, du blues, de la soul, voire de la pop.
Mélange des genres.
Il y a dix ans, le légendaire pianiste cubain Bebo Valdes (1918-2013), père de l’immense Chucho, et l’une des étoiles du flamenco, le guitariste Diego « El Cigala », de son vrai nom Ramon Jimenez Salazar, enregistraient un album rapidement devenu emblématique du mélange des genres, « Lagrimas Negras » (Sony Music). Ce classique de la musique latino ressort dans une édition luxe collector de 2 CD et 2 DVD, agrémentée d’un livret de 64 pages (texte anglais-espagnol, texte des chansons et nombreuses photos rares) conçu spécialement par le designer espagnol Javier Mariscal. Une petite pépite et un bel hommage à une grande étoile cubaine récemment disparue.
Antoine Hervé est à l’origine d’une collection de DVD, et d’une série de concerts, intitulée « la Leçon de jazz » (RV Production/Harmonia Mundi). Il y décortique le travail et le style de plusieurs grands pianistes. Dans le coffret éponyme (6 DVD), il rend hommage au style de cinq virtuoses incontournables du clavier : Thelonious Monk, Bill Evans, Dave Brubeck, Keith Jarrett et Oscar Peterson. Une belle et sympathique leçon de pédagogie et d’histoire donnée par un pianiste attachant et talentueux.
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