LORSQUE Jules Renard fait de « Poil de carotte », roman publié en 1894, une pièce de théâtre, c’est à la demande d’Antoine, en 1900. L’écrivain (1864-1910) a mis beaucoup de sa propre enfance dans l’histoire de François, surnommé Poil de carotte par sa mère, qui est très dure avec lui. Tout le monde l’appelle ainsi et, au cœur de la pièce que met en scène Philippe Lagrue au Studio-Théâtre de la Comédie-Française, il y a le moment très beau où le père, un homme grave, un taiseux, tout d’un coup parle avec son fils, le laisse s’exprimer et le nomme par son prénom.
Dans le rôle-titre, Benjamin Jungers, efflanqué comme un enfant qui grandit et ne mange guère, apporte sa sensibilité profonde et une sorte de légèreté douloureuse qui va très bien à l’adolescent. Il y a quelque temps, au Vieux-Colombier, il incarnait aussi un tout jeune garçon dans « la Maladie de la famille M. », de Fausto Paravidino, et cela lui vaut une nomination aux molières. Poil de carotte va avoir 16 ans et souffre profondément de l’âpreté de sa mère et de l’indifférence apparente de son père. Une petite bonne, Annette, va alléger un peu l’atmosphère de la maisonnée.
Madame Lepic est dessinée d’un trait ferme par Catherine Sauval, lointaine et silencieuse, silhouette qui impressionne et fait peur à Poil de carotte. Mais on sent le désarroi d’une femme qui se réfugie chez le curé, mal à l’aise, malheureuse elle aussi. La servante, rayon de soleil, est jouée par Coraly Zahonéro, fraîche et franche. Dans le rôle de Monsieur Lepic, Grégory Gadebois, que l’on peut actuellement applaudir en Mitch dans « Un tramway nommé désir, » donne au personnage une humanité très profonde, une douceur, un chagrin d’homme simple et bon. Les moments de partage entre ce père et son fils sont très belles.
Il est dommage que le scénographe n’ait pas pensé que les scènes à l’intérieur de la cabane seraient invisibles pour les spectateurs du côté cour (à droite en regardant le plateau).
Studio Théâtre de la Comédie-Française (tél. 01.44.58.98.58), du mercredi au dimanche à 18 h 30, relâche les 23 et 24 avril et le 1er mai. Jusqu’au 8 mai. Durée : 1 heure.
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