UN DÉCOR simple, sur le devant du plateau du Rive-Gauche (après, se donne l’émouvant « Journal d’Anne Frank », avec Roxane Duran). On est dans un bureau, à Berlin, juste après la guerre, en février 1946. On est au temps de la « dénazification ». Un officier américain, Steve Arnold (Francis Lombrail), attend le grand musicien, chef d’orchestre mondialement connu, Wilhelm Furtwängler (Jean-Pol Dubois). Ajoutons un jeune officier, une secrétaire, et un témoin joué par Odile Roire, qui signe la mise en scène.
L’adaptation de Dominique Hollier respecte la structure de la pièce de l’écrivain sud-africain, également auteur de « Collaboration », qui se donne à la Madeleine actuellement avec un trio d’excellence, Michel Aumont, Christiane Cohendy, Didier Sandre et d’autres très bons interprètes. « Collaboration » met face à face, rappelons-le, Stefan Zweig et Richard Strauss.
Dans les deux pièces, Harwood s’interroge sur le même thème : que peuvent les artistes face au politique, face à l’Histoire lorsqu’elle sort de ses gonds ? Et dans les deux pièces il pose la question de deux grands musiciens célébrissimes devant l’antisémitisme du pouvoir. Que pouvaient-ils faire, qu’ont-ils fait ?
Dans « Collaboration », les protagonistes sont amis, s’estiment, ont signé ensemble un opéra. Dans « À tort et à raison » il n’en va pas de même. L’officier américain est sans culture. Il a dans le cœur les milliers de jeunes Américains morts sur les plages du Débarquement et, on le saura au cours de la pièce, il a vu les camps de la mort. Il est très agressif et rien n’y fait : ni la calme impression que dégage Furtwängler d’avoir fait aussi bien qu’il le pouvait et même au-delà, ni l’admiration que lui portent les jeunes qui travaillent avec lui, ni le témoignage ardent d’une jeune femme qui a perdu son mari mais que le maestro avait défendu.
Ce qui est très intéressant, dans cette pièce, c’est que rien n’est jamais donné. Évidemment, on a tendance à prendre parti pour le grand chef… Mais tout est plus compliqué.
Jean-Pol Dubois, interprète de haut talent, est impressionnant dans la dignité et dans le silence, dans l’étonnement du personnage qui ne vacille pas, mais qui est blessé. Face à lui, Francis Lombrail, dans la passion du théâtre et d’un personnage qu’il rêvait d’incarner. Il a la fougue, la présence physique et il sait à merveille indiquer les nuances, les doutes de son personnage.
Deux pièces très intéressantes à voir dans le plaisir d’un théâtre de qualité, à méditer sans fin.
Théâtre Rive-Gauche (tél. 01.43.35.32.31, www.theatre-rive-gauche.com), du mardi au samedi à 19 heures, dimanche à 17 h 30. Durée : 1 h 40 .
Théâtre de la Madeleine (tél. 01.42.65.07.09, /www.theatremadeleine.com), du mardi au samedi à 20 h 30, samedi et dimanche à 17 heures. Durée : 1 h 45.
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