* Les chanteuses actuelles adorent se remettre en question. À l’inverse des divas du passé, elles n’hésitent pas à dérouter leur public. Connue pour être une très sérieuse et solide chanteuse de jazz, Diana Krall s’est lancée, avec son dernier opus, « Glad Rag Doll » (Verve/Universal), dans un voyage dans le passé, après avoir remporté un Grammy en 2009 avec « Quiet Nights », un album aux accents brésiliens très prononcés. Ainsi, celle qui est aussi pianiste et Madame Elvis Costello pour l’état civil, s’est-elle plongée dans certains titres du répertoire anglo-saxon (le fameux « American Songbook ») couvrant les années 1920 à 1950, qui ont bercé sa jeunesse. Le tout sous la houlette, pour la première fois, du célèbre producteur T Bone Burnett (également guitariste sur l’album). Elle revisite et surtout remet aux goûts actuels, avec une très grande maîtrise et beaucoup d’élégance vocale et instrumentale, des classiques du genre immortalisés notamment par Gene Austin ou Julie Miller, tout comme des compositions de Fred Fisher et de Pomus. À noter que pour réaliser ce besoin de renouer avec le passé sous des formes musicales contemporaines, Diana Krall, qu’on pourra très bientôt applaudir en France (1), a notamment fait appel au guitariste tout terrain, Marc Ribot. Où comment faire du vraiment neuf avec du pas mal vieux…
* Vocaliste minimaliste, Susie Arioli s’est aussi emparée du richissime « songbook » pour la réalisation de son dernier album, « All The Way » (JazzVillage/Harmonia Mundi). Avec son complice habituel, le guitariste Jordan Officer, et une formation à géométrie variable, cette autre chanteuse canadienne, originaire du Québec, revisite à la sauce jazzy des tubes des frères Gershwin, des tandems Johnny Burke-Jimmy Van Heusen et Lorenz Hart-Richard Rodgers – comme l’incontournable « My Funny Valentine » – et de George Handy. Des thèmes d’abord inspirés par de grands instrumentistes plus que par des vocalistes. Le tout soutenu par une voix planante habitée d’une grande et belle sensibilité, claire et pleine de modulation. Une autre façon de réhabiliter ces standards qui traversent le temps sans prendre une ride.
* Femme du Sud, Cassandra Wilson a quitté les rives de son Mississippi natal pour celle de l’Italie, en l’occurrence Florence, où elle a enregistré « Another Country » (Membran Records/Sony Music). En compagnie notamment du guitariste italien Fabrizio Sotti et du percussionniste français Mino Cinelu, la chanteuse propose un disque très orienté vers une forme de folk blues acoustique composé de très belles ballades, de compositions originales inspirées par le blues et le jazz, et même d’un hommage à la terre italienne où est né cet opus, avec « O Sole Mio ». Le tout servi par une voix grave et sombre mais tellement pleine de charme et de rondeur.
* Dans le jazz chanté au féminin, il y avait les trois grâces, Ella, Billie et Sarah. Puis vinrent d’autres divas, moins connues, qui ont quand même imprimé de leurs voix la musique afro-américaine. À l’image de Carmen McRae (1920-1994). La collection « BD Jazz », avec des dessins de Bertrand Dubois et deux CD, permet de redécouvrir cette chanteuse à la voix riche en nuance et qui savait parfaitement swinguer, même si elle avait une prédilection pour les ballades, entre 1954 et 1961. Outre une magnifique collection de standards interprétés avec élégance et beaucoup d’expression, Mme McRae est notamment accompagnée de Dave Brubeck, Herbie Mann (flûte), Nat Adderley (trompette), Kenny Clarke (batterie) – qui fut son mari – et par différentes grandes formations. Une belle redécouverte vocale.
(1) Strasbourg le 3 novembre ; Paris (Palais des Congrès) le 21 ; le Monte-Carlo Jazz Festival le 23.
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