Un décor de fête, dans la demeure de la comtesse (Sylvie Testud), avec ce jardin où on a dû dîner et siroter d’étourdissantes boissons. Prise d’on ne sait quelle griserie, la maîtresse de maison s’est enflammée pour le chevalier Damis (Jérôme Robart), si flatté qu’il en oublie sa fiancée, la fine marquise, (Suzanne Clément, que l’on connaît par les films de Xavier Dolan). Blessé, Dorante (Éric Elmosnino), qui aime sincèrement la volage comtesse, suit le projet de la marquise : ils vont feindre une soudaine passion, ils vont faire semblant de se désintéresser de ceux qu’ils rêvent d’épouser, pour les rendre jaloux. C’est « l’Heureux Stratagème » (1).
La pièce a été créée en 1773, mais le décor d’Emmanuelle Roy est plutôt XXe siècle et cela rapproche de nous les humeurs chatoyantes du quatuor des maîtres, interprètes virtuoses qui se renvoient les mots de Marivaux comme des flèches empoisonnées ou des volants de badminton… Un très plaisant spectacle signé Ladislas Chollat, avec esprit et respect du public, qui n’en revient pas d’entendre Marivaux comme une langue très familière.
L'amour de la langue
Très familière aussi est la langue qu’aiment défendre les deux artisans de « la Convivialité » (2), spectacle sous-titré « La faute d’orthographe ». On a entendu Arnaud Hoedt et Jérôme Piron sur les ondes de France Inter cet été. Ce sont des amis – et compatriotes – d’Alex Vizorek. Nos amis belges militent pour une réforme de l’orthographe. Ils donnent une sorte de conférence, plaisante et chaleureuse. Cela manque un tout petit peu de « théâtre », mais qui aime la langue y trouvera son bonheur. Même si, en général, les personnes qui aiment la langue adorent justement les subtilités de l’orthographe française.
Langue bouleversante, langue pleine d’imagination était celle de Barbara. À la demande de la chanteuse L. (Raphaëlle Lannadère), Thomas Jolly a imaginé un spectacle nocturne, dans un décor composite et séduisant. Il s’intitule « Un jardin de silence » (3). Au piano, le très doué Babx, qui donne les couleurs et les rythmes. Raphaëlle « est » Barbara. Elle chante mais ne cherche pas l’imitation lourde. Elle a sa voix, son timbre, son émotivité.
On suit le chemin de Barbara. Les artisans du spectacle ont monté ensemble un certain nombre d’interviews de la grande dame noire. Certains moments sont d’anthologie, tel cet entretien mené par un journaliste offensif interrogeant Serge Gainsbourg et Barbara... Thomas Jolly incarne, avec acuité et malice, tous les animateurs et autres officiels. Ministre compris. C’est léger, bref, drôle – comme l’était Barbara –, sans prétention. Un trio talentueux pour un moment heureux à la Scala.
(1) Théâtre Édouard VII, jusqu'au 5 janvier. À 20 heures du mardi au samedi, 16 heures le samedi. Durée : 1 h 50. Tél. 01.47.42.59.92, www.theatreedouard7.com
(2) Théâtre Tristan-Bernard, jusqu'aux fêtes. À 20 heures le lundi, 16 heures le dimanche. Durée 1 heure. Tél. 01.45.22.08.40, www.theatretristanbernard.fr
(3) La Scala, jusqu'au 3 novembre. À 21 heures du mardi au samedi, 15 heures le dimanche. Durée 1 h 10. Tél. 01.40.03.44.30., www.lascala-paris.com
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