Idées
Les récentes technologies de l’information remodèlent totalement nos façons de vivre. Elles suscitent des réticences mais alimentent aussi ce que l’auteur nomme des « discours prophétiques exubérants ». On le voit dans le domaine de la biologie, où s’annonce le cyborg, homme au corps truffé de micro-ordinateur ; « posthumain », disent certains, qui nous rapproche de la vie éternelle.
À l’inverse se durcit la critique des techniques. Tandis que s’accroît une moquerie à l’égard de cette critique même : on est promptement taxé de passéiste souhaitant revenir à la bougie. C’est pourtant en grande partie des rejets, des blocages à l’égard du machinisme que traite ce livre, sans doute parce que ce sont eux qui posent problème. D’où un examen très fouillé de l’histoire des techniques et des attitudes qu’elles suscitent.
Une histoire inséparable de la révolution industrielle du XVIIIe siècle. Le développement de systèmes techniques de production, fondés sur l’emploi croissant des machines, a commencé à bouleverser les rapports sociaux et l’expérience du travail. Dès le milieu du XVIIIe, des tisserands se mettent à briser les machines dans certaines filatures anglaises. Alors que la mécanisation se généralise en Europe, des phénomènes de rejet du « machinisme » peuvent être observés. Au milieu du XIXe, naît ce que l’Anglais Carlyle nomme « l’âge des machines ». La technique devient le destin du monde et François Jarrige examine avec soin son histoire selon les pays et les régions.
Il ne faut pas l’oublier, la machine succède, en mieux, à l’outil, lequel était souvent calqué sur les organes du corps. Or la machine, c’est un nouveau savoir-faire, c’est l’invention dans laquelle on a le droit de voir un signe du génie humain. N’oublions pas que, dans la pensée antique, le terme « technè » désigne l’art.
Alors, technophile ou technophobe ? L’auteur nous dit en conclusion que la ligne de fracture ne passe pas entre amoureux ou détracteurs « mais entre ceux qui prétendent que les techniques sont des outils neutres et ceux qui y détectent des instruments de pouvoir et de domination ». Ce sont ces rapports de force qui méritent d’être critiqués, car, comme l’écrivait très bien Nietzsche, « toute chose se confond avec les forces qui s’en emparent ». Un livre passionnant.
Francois Jarrige, « Technocritiques - Du refus des machines à la contestation des technosciences », La Découverte, 420 p., 28 euros.
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