Les 22 eaux-fortes originales de Rembrandt de la collection du duc d’Aumale (1822-1897) sont exposées pour la première fois, au musée Condé, à Chantilly (1). Fils du roi Louis-Philippe, Henri d'Orléans, duc d'Aumale, est l'un des plus grands collectionneurs du XIXe siècle et ces gravures en taille-douce et à l’eau-forte exposées dans son domaine sont déjà considérées comme exceptionnelles lorsqu'il les achète. Elles sont présentées avec d’autres dessins de l'entourage du peintre néerlandais.
Dès les œuvres de jeunesse de Rembrandt, avec des scènes de mendiants et de gueux, la composition est en place et les différents états permettent de jouer avec les ombres et les lumières. Les portraits aux traits précis, dont celui de sa mère, présentent une grande dignité. Les paysages, dont celui aux « Trois Arbres », regorgent de nombreux détails, avec une vision atmosphérique que l’on retrouve aussi dans « la Pièce de cent florins », le chef-d’œuvre de la collection : le Christ guérissant les malades apparaît dans un halo de lumière au sein d’une foule dense.
Déportée à 10 ans
La découverte des tableaux de Ceija Stojka a été un tel choc pour Antoine de Galbert, le fondateur de la Maison rouge (2), qu’il a décidé de reporter la fermeture du lieu, créé en 2004 pour promouvoir la création contemporaine et qui a beaucoup apporté à la scène artistique parisienne.
Déportée à 10 ans avec sa famille, des Roms d'Europe centrale, Ceija Stojka (1933-2013) survit à Auschwitz-Birkenau, Ravensbrück et Bergen-Belsen. Ce n’est qu’à 55 ans qu’elle décide, dans une Autriche au racisme et au nationalisme ambiants, de témoigner de son passé concentrationnaire par l’écriture, au total 4 livres, et par le dessin et la peinture, auxquels elle s’adonne le soir sur sa table de cuisine.
À la Maison rouge, 130 œuvres retracent son histoire. La vie itinérante dans la roulotte de la famille de marchands de chevaux, puis, avec l’arrivée du nazisme, les caches et la traque à Vienne, avant l’incarcération dans les camps. Les œuvres se regardent avec ses écrits. Elle ajoute sur la toile ses impressions d’enfants, ses peurs et les dialogues avec les gardiens.
Un univers du quotidien expressionniste et coloré fait de barbelés, de tours fumantes, de silhouettes décharnées serrées les unes contre les autres. Mais les SS « sont aussi des hommes », les corbeaux des compagnons de vie, les cadavres accumulés un lieu où sa mère cachait ses enfants, le printemps source d’espoir.
Et puis la vie reprend, avec les champs de tournesols jaunes, la fleur des Roms. Dans ce cauchemar où « Même la mort a peur d’Auschwitz », selon le titre d’un de ses livres, il y a aussi le rêve, la vie, la présence maternelle si réconfortante et un optimisme et une douceur préservés.
À voir aussi à la Maison rouge, Black Dolls, 150 poupées noires en tissu, bois ou cuir, créées entre 1850 et 1940, qui racontent dans leur diversité l’histoire culturelle, politique et intime des Noirs américains, de la maternité et de l’enfance.
(1) Jusqu'au 3 juin. Tél. 03.44.27.31.80, www.domainedechantilly.com
(2) Jusqu'au 20 mai. Tél. 01.40.01.08.81, www.lamaisonrouge.org
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