British Rock

Retour vers le futur

Publié le 05/10/2015
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David Gilmour

David Gilmour
Crédit photo : K. WESTENBERG

Un jingle entendu des millions de fois dans les gares françaises aura suffi pour que le dernier disque d’une des légendes du rock anglais, le guitariste/chanteur David Gilmour, « Rattle That Rock » (Columbia/Sony Music), se retrouve en tête des ventes en France et dans plusieurs pays d’Europe. Pour la première fois dans la carrière de ce membre du groupe Pink Floyd, qu’il avait rejoint en 1968 et dont il fut l’un des principaux artisans, notamment pour un album majeur, des années 1970, « The Dark Side Of The Moon ». Si David Gilmour, 69 ans, estimait récemment que « Pink Floyd, c’est du passé », reste que son quatrième disque en solo respire l’air musical du groupe emblématique. Dix compositions dans lesquelles on réentend des sons typiques de guitare, aériens et planants, des rythmes jouant sur le velours. Et des textes épurés, dus à la plume de sa femme, Polly Samson. Le tout avec des invités de marque sur quelques titres, tels David Crosby, Graham Nash, Phil Manzanera (ex-Roxy Music) et Robert Wyatt (ex-Soft Machine) au cornet. Une musique toute en dentelle.

Le chevalier de Belfast

Récemment titré Sir George Ivan Morrison par la reine Elizabeth II, Van Morrison, né à Belfast voici 70 ans, également surnommé par ses fans « Van The Man », fait partie de cette génération de musiciens d’outre-Manche élevée dans la ferveur du jazz, du rhythm’n’blues, de la soul et surtout du blues. Membre fondateur du groupe Them, un « garage band » (ils répétaient dans un garage à vélos) avant l’heure, il va signer, au cœur des années 1960, plusieurs tubes avec lui, donc le fameux « Gloria », « Baby Please Don’t Go » ou encore « Here Comes The Night ». Avant d’entamer une carrière en solo à l’aube de la décennie 1970, d’engranger les récompenses (six Grammy Awards, une entrée au Panthéon du rock dans la catégorie compositeurs) et son anoblissement (chevalier à titre honoraire) pour « services rendus à l’industrie musicale et au tourisme en Irlande du Nord ». Plus qu’une consécration pour cet enfant de Belfast, dont on peut redécouvrir un demi-siècle de carrière dans « Essential Van Morrison », un double album (Columbia Legacy/Sony Music). Une succession de succès (à commencer par « Gloria », en 1965) et surtout de compositions personnelles très mélodiques, qui ont quasiment toutes un profond ancrage dans la tradition folk irlandaise, mâtinée de blues, de funk et de soul. Avec en prime cette voix si particulière et puissante qui lui a permis de traverser l’histoire du rock. En attendant la sortie, à la fin du mois, d’une version inédite d’« Astral Weeks », chef-d’œuvre atypique gravé en 1968, avec notamment le batteur du Modern Jazz Quartet, Connie Kay.

Le rock anglais, et tout particulièrement son histoire, est parfaitement décrit dans « British Rock. 1965-1968 : Swinging London » (Le Castor Astral, 452 p., 24 euros), deuxième tome d’une saga due à la plume de Christophe Delbrouck. Chronologiquement, l’auteur poursuit son exploration, avec beaucoup de détails et d’anecdotes, de la scène londonienne durant ces années de braises et d’explosions musicales absolument essentielles qui ont vu l’éclosion de figures mythiques comme Jimi Hendrix, Pink Floyd, The Animals, The Kinks, Them, The Moody Blues, The Small Faces ou encore Procol Harum. Alors que d’autres échouaient dans cet océan de nouvelles idées, d’effervescence créatrice, d’audace, de transgression et de révolution des mœurs dans une Angleterre puritaine.

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du Médecin: 9438