Classique
Avant la publication par Naxos d’une représentation du Teatro Lirico de Cagliari de 2008, la vidéographie de « la Légende de la ville invisible de Kitège », l’avant-dernier opéra de Rimski-Korsakov, créé en 1907 à Saint-Pétersbourg, était inexistante. Cette improbable coproduction sardo-moscovite (production empruntée au Théâtre Bolchoï, si l’on en croit le générique) est moins laide et poussiéreuse que d’autres, sa mise en scène, très au premier degré, est claire et la distribution est excellente, dominée par la très extraordinaire Tatiana Monogarova, dans le rôle principal de Fevronia. Emintas Nekrosius simplifie beaucoup une intrigue pas facile à suivre, notamment dans le dernier acte, quand Rimski-Korsakov transcende les aspects mystiques, surnaturels et rédempteurs de cette légende complexe.
D’une tout autre manière, la récente mise en scène réalisée par le trublion russe Dmitri Tcherniakov pour l’Opéra néerlandais en 2012, qui vient de paraître (2 DVD ou Blu-ray Opus), possède sa propre lisibilité, faisant table rase de l’élément surnaturel, et même de la légende, au profit d’une lecture très politisée. Sans atteindre aux splendeurs vocales de Monogarova, la Fevronia de Svetlana Ignatovich est extrêmement touchante et son rôle pivot dans la rédemption finale beaucoup plus clair. Marc Albrecht dirige le Nederlands Philharmonic Orchestra avec beaucoup de clarté. Une partition d’une richesse luxuriante de timbres et de rythmes, à l’égal des plus grands opéras du répertoire russe. Élu production de l’année 2012 aux Opera Awards de la revue anglaise « Opera », le spectacle est coproduit avec l’Opéra de Paris, où l’on devrait le voir en 2015.
Libertin des années 1970
« The Rake’s Progress », de Stravinsky, avait déjà été mis en scène à Glyndebourne par Carl Ebert en 1954, trois ans après la création mondiale à Venise. Quand, en 1975, le festival en confie la réalisation à John Cox, David Hockney et Bernard Haitink, le spectacle fait sensation. Il sera beaucoup exporté et son succès ne se démentira pas. Glyndebourne n’a jamais abandonné cette production, qui a été élargie à l’échelle du nouveau théâtre et a fait l’objet d’un nouvel enregistrement en 2010 sous la direction de Wladimir Jurowski (Opus Arte). David Hockney a réalisé de prodigieux décors et costumes inspirés des gravures de William Hogarth, qui avaient elles-mêmes inspiré W.H Auden pour son livret. Ce spectacle d’un goût exquis, avec des tonalités de couleurs très raffinées, comme on peut en juger malgré l’image pas toujours d’excellente qualité, a une atmosphère unique que renforce la mise en scène simple, intelligente et efficace de John Cox. Sa distribution, la jeunesse même, est emblématique du Glyndebourne des années 1970 : Felicity Lott, qui fait ses premiers pas comme soliste sur cette scène, tient là son meilleur rôle : le charme, la simplicité, la fraîcheur et l’humanité du chant sont admirables. Et ce sont les débuts européens d’un jeune baryton basse américain, Samuel Ramey, qui trouve miraculeusement l’équilibre entre les composantes sympathique et diabolique de Nick Shadow. Une archive de prix pour son histoire et référence absolue d’un opéra que l’on n’a jamais monté aussi simplement, efficacement et humainement (1 DVD Arthaus Musik).
Les soldats de Salzburg
Créé en 1956 à Cologne, « Die Soldaten », de Bernd Alois Zimmermann d’après Jakob Lenz, a beaucoup de similitudes avec « Wozzeck », de Berg. Sauf pour son minimalisme, car l’œuvre de Zimmermann, hypertrophiée, joue avec les rapports entre temps et espace au point que les représentations en sont toujours un vrai casse-tête, comme dans la production assez confuse mise en scène par Harry Kupfer à Stuttgart en 1989 (Arthaus Musik). Mais vient de paraître la superbe performance du festival de Salzburg 2012 par Alvis Hermanis, qui, grâce à l’espace et la configuration de la salle du Manège des Rochers, permet de caser en une seule vision frontale toutes les scènes intriquées et les différents orchestres qui interviennent dans cette œuvre complexe. Magnifique distribution aussi (Laura Aikin, Daniel Brenna, Gabriela Benackova), sous la direction électrisante d’Ingo Metzmacher (2 DVD EuroArts/Unitel Classica). Un des piliers de l’opéra contemporain du siècle dernier.
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