Les impressionnistes à Londres

Richesses de l'exil

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Publié le 28/06/2018
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Art-Monet

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Crédit photo : THE ART OF INSTITUTE OF CHICAGO

Art-Pissarro

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Crédit photo : MUSÉE D'ORSAY

La guerre franco-prussienne de 1870, la chute du Second Empire puis la Commune de Paris poussèrent de nombreux artistes à se réfugier au Royaume-Uni. Au Petit Palais (1), 140 œuvres évoquent les artistes français en exil à Londres, de 1870 à 1904 (de Monet au jeune Derain).

Londres, puissance économique et modèle de liberté d’opinion, attire peintres et sculpteurs, quelle que soit leur sensibilité politique. Ils y trouvent refuge avec un succès inégal, accueillis par Legros, ami de Whistler, installé en Angleterre depuis 1863, et le galeriste Paul Durand-Ruel. Alphonse Legros, qui deviendra professeur de peinture à la très recherchée Slade School of Art, les introduit auprès des préraphaélites, des collectionneurs et des mécènes. Durand-Ruel expose la peinture française et en particulier les peintres de l’école de Barbizon, qui rencontrent un grand succès.

Mais déception pour Monet et Pissarro, qui, faute d’avoir vendu un tableau, rentreront en France au bout de quelques mois et ne rencontreront leur public que bien des années plus tard. Monet de 1899 à 1901 avec ses vues du pont de Charing Cross, de Waterloo et du Parlement baignées dans le brouillard –  les mêmes motifs inspireront Derain cinq ans plus tard, dans le style fauve. Pissarro avec l'exposition de 1892, dont Durand-Ruel vendra toutes les toiles.

Succès dès les débuts pour James Tissot, débarqué en 1871 avec son nom déjà anglicisé et qui choisit de s’adapter, avec ses scènes contemporaines de la haute-société victorienne. Il restera onze ans et Henry James Turner, le fils du grand Turner, sera son mécène, comme celui de Jean-Léon Gérôme.

Le sculpteur Jean-Baptiste Carpeaux, quant à lui, retrouve à Londres la famille de son mécène Napoléon III. Malgré ses expositions à la Royal Academy et la commande de quelques portraits anglais, il ne rencontre pas le succès escompté. En revanche, son élève, le Communard Jules Dalou, arrivé en 1872 et qui restera huit ans, saura séduire avec ses sujets intimes et sera un enseignant de modelage qui marquera une génération de sculpteurs anglais.

L'exposition témoigne aussi de la richesse créative des artistes britanniques (Alma-Tadema, Burne-Jones, Watts) et des influences réciproques.

L'abstraction

Autres migrations, celles de deux artistes exposés actuellement au musée d'Art moderne de la Ville de Paris (2). Le Chinois Zao Wou-Ki, entre France et États-Unis : il est présent avec 40 grands formats sous le titre « L'espace est silence », l'expression qu'il avait inspirée à son ami Henri Michaux. Et la Hongroise Judit Reigl, qui avait fui clandestinement son pays en 1950, entre surréalisme et abstraction, avec une pratique gestuelle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(1) « Les Impressionnistes à Londres - Artistes français en exil, 1870-1904 », jusqu'au 14 octobre. Tél. 01.53.43.40.00, www.petitpalais.paris.fr
(2) Zao Wou-Ki jusqu'au 6 janvier, Judit Reigl jusqu'au 19 août. Tél. 01.53.67.40.00, www.mam.paris.fr

Caroline Chaine

Source : Le Quotidien du médecin: 9677