ON PEUT VOIR actuellement sur les scènes parisiennes deux illustrations du folklore musical des bas-fonds londoniens. Outre la grande réussite de « l’Opéra de Quat’ sous » de Brecht et Weill, mis en scène par Laurent Pelly à la Comédie-Française (« le Quotidien » du 13 avril), voici au Châtelet « le Diabolique Barbier de Fleet Street », avec le thriller musical signé Stephen Sondheim et Hugh Wheeler (1979).
Dans un décor unique très bien conçu par Tanya McCallin, pour présenter comme dans une maison en coupe tous les lieux où se déroule ce drame sanglant, Lee Blakeley a réalisé une mise en scène dans laquelle les mouvements de foule sont particulièrement efficaces et bien réglés et les éclairages de Rick Fisher aptes à rendre toute la cruauté de cette farce tragicomique. Songez : un barbier de retour du bagne où il fut injustement envoyé, revient à Londres quinze ans après avec un désir de vengeance qu’il assumera en tandem avec une pâtissière installée au rez-de-chaussée de son salon. Elle fabrique les tourtes les plus fameuses de la City avec la viande des clients décapités ! Blakeley n’a pas hésité à exploiter le côté grand-guignolesque de l’affaire et le sang gicle, au grand effroi des spectateurs sensibles. La fibre comique est d’avantage exploitée que dans le film de Burton.
Orchestre symphonique.
Les acteurs-chanteurs de ce musical, tous excellents, sont, ce sera le seul reproche, un peu trop sonorisés. La distribution est dominée par la Mrs Lovett de Deanne Meek, qui, dans le souci de rentabiliser son entreprise, mène son monde à la baguette. Rod Gilfry, dont on a apprécié souvent à Paris, à l’Opéra, les talents de baryton lyrique, paraît parfois un peu trop statique et emprunté. Est-ce pour mieux accuser le cynisme du personnage ? Très bons, le jeune Anthony de Nicolas Garrett et l’huissier de John Graham Hall, lui aussi un habitué des opéras de Britten.
Il faut souligner, pour ceux qui ne sont pas familiers des salles de Broadway et du West End londonien, que la présence d’un orchestre symphonique (ici l’Ensemble orchestral de Paris, sous la très bonne, quoiqu’un peu trop sonore, direction de David Charles Abell) dans la fosse d’un musical est un luxe tout à fait inhabituel. Quand ces théâtres alignent une quinzaine de musiciens, c’est bien le maximum. Et c’est ce qui fait la force du spectacle du Châtelet, car il rend justice aux merveilleuses partitions de Stephen Sondheim après « A Little Night Music » l’an dernier et avant, on l’espère, d’autres chefs-d’œuvre (« Passion », « Sunday in the Park with George », « Into the Woods » attendent encore leur création française).
Théâtre du Châtelet (tél. 01.40.28.28.40 et www.chatelet-theatre.com) jusqu’au 21 mai. Places de 10 à 109 euros.
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