ON CROIT toujours connaître Molière, on croit connaître son « École des femmes ». La pièce est si souvent montée et on a vu de si excellents Arnolphe, tel Daniel Auteuil, tel Pierre Arditi, que l’on pourrait craindre d’être blasé. Mais il n’en est rien. « L’École des femmes » est toujours neuve. Ajoutons que l’on cite ces deux artistes, qui étaient dirigés respectivement par Jean-Pierre Vincent et par Didier Bezace, pour bien souligner que ce n’est pas la première fois que remonte à la surface de la comédie en cinq actes la sombre désespérance qui peut palpiter sous les rires.
C’est tout l’art de Jacques Lassalle, ici, il y a apparemment quelque chose de plaisant et de léger, d’heureux dans la représentation. Très joli décor de Géraldine Allier, lumières de Franck Thévenon, costumes de Renato Bianchi. C’est superbe. Un peu « strehlérien ». Et il y a de l’eau, car la pauvre Agnès est recluse dans un pavillon entouré d’eau !
Les domestiques, Pierre Louis-Calixte et Céline Samie sont fruités, savoureux. Simon Eine a la noblesse d’Oronte, Yves Gasc, la saveur d’Enrique et du notaire. Dans le rôle de l’ami, Chrysale, Gilles David est parfait, bienveillant et sobre.
C’est sur le trio que Jacques Lassalle fait porter la profonde originalité. Le jeune Jérémy Lopez est excellent en Horace, vif, fougueux, candide encore. Agnès a la luminosité intérieure, la pureté naturelle de Julie-Marie Parmentier. Une petite fille dans les maximes, une jeune amoureuse avec celui qui l’éveille, une femme défaite à la fin. Étonnant et bouleversant. À la fin, en effet, Agnès sait que, de toute façon, elle n’aura décidé de rien et elle souffre pour Arnolphe.
Arnolphe, c’est Thierry Hancisse. Il a l’air d’un intellectuel, avec son costume boutonné, ses lunettes. Il est un peu inquiétant. Il a littéralement repéré Agnès lorsqu’elle avait 4 ans, il la tient recluse pour l’épouser enfin et qu’elle ne le trompe pas, qu’il ne soit pas « cocu ». Il est fou, c’est clair. Mais fou d’amour, aussi, et cela lui donne une humanité complexe. Il est magnifique cet Arnolphe.
Musique comme leçon de ténèbres, lumières du jour pourtant. On est déchiré comme le sont les personnages. Et quelle langue ! Et quels rires par-delà cette tragique aventure, car il s’agit bien d’une comédie !
Comédie-Française, salle Richelieu ( tél. 0825.10.16.80, www.comedie-française.fr), en alternance jusqu’au 6 janvier. À 20 h 30 ou 14 heures selon les jours. Durée : 3 heures, entracte compris.
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