Le domaine du polar réserve des surprises. Après avoir été récompensé pour « Intrigue à l’anglaise », le premier titre de sa série « les Enquêtes de Pénélope », le très distingué historien de l’art et romancier Adrien Goetz actualise, dans « la Nouvelle Vie d’Arsène Lupin » (1), les aventures du mythique monte-en-l’air. Tout en restant fidèle à l’esprit soufflé par Maurice Leblanc il y a cent ans, il fait évoluer son héros dans les réseaux sociaux et notre monde hyperconnecté avec les mêmes désinvolture et élégance.
À la tête de nombreux best-sellers, dont « Jurassic Park » n’est qu’un exemple, Michael Crichton a d’abord publié sous pseudonyme. Paru en 1967, « Agent trouble » (2) est le premier de ses romans signés John Lange traduits en français. Il met en scène la course contre la mort d’un avocat victime de sa ressemblance avec un tueur à gages. Lequel a été missionné par le gouvernement américain pour abattre des terroristes arabes (dirigés par un chirurgien réputé de la Côte d’Azur).
« Du sang sur la glace » (3) est un court et néanmoins percutant roman du maître du polar scandinave Jo Nesbo, publié dans le cadre des 70 ans de la fameuse collection « Série Noire ». Le narrateur, aussi timide qu’efficace, est un « expéditeur », entendez un tueur pour le compte d’un gangster qui règne sur la prostitution et la drogue à Oslo. Il a la (mal)chance de tomber amoureux de la femme qui est son prochain contrat, en fait... la jeune et infidèle épouse de son patron.
Jérôme Attal est romancier, parolier, scénariste et acteur. Avec « Aide-moi si tu peux » (4), il fait ses débuts d’auteur de polar. Un drôle de polar, dont le héros est un flic qui ne jure que par les eighties, les années heureuses de son enfance. Et cela tombe bien, puisqu’il doit enquêter sur la disparition d’une jeune fille qui postait sur YouTube des reprises des chansons des Beatles. Humour et atmosphère rivalisent avec coups de feu.
Le polar jubilatoire a un titre, « Du danger de perdre patience en faisant son plein d’essence » (5) et un nom d’auteur, Pascal Martin. Il s’agit du premier volet d’une série intitulée « le Monde selon Cobus », Victor Cobus étant un flamboyant trader qui se retrouve à Fleury-Mérogis par erreur et dans le collimateur du caïd de la prison par malchance. Aux abois, il accepte de faire fructifier les économies des matons en échange de leur protection. Sa vie ne dépend plus alors que des variations des indices des bourses.
Les héros récurrents se portent toujours bien. Ainsi du commissaire Adamsberg, né sous la plume de Fred Vargas. Quatre ans après « l’Armée furieuse » et toujours avec son intuition comme arme principale, sa dixième enquête, « Temps glaciaires » (6), nous trimbale de la guillotine de Robespierre à un îlot islandais maudit, avec l’apparition d’un sanglier nommé Max, ce qui ne surprend pas de la part de cette spécialiste d’archéolozoologie. Une intrigue impossible à résumer mais un immense plaisir de lecture et de culture.
C’est avec « Fin d’été » (7) que Johan Theorin conclut sa tétralogie de Öland, initiée avec « l’Heure trouble », prix du meilleur polar suédois. Au milieu des touristes venus fêter la Saint-Jean, un vieil homme à l’allure inquiétante, un « Revenant », est venu régler ses comptes. La vengeance est au cœur de ce récit qui évolue aux frontières du surnaturel et où passé et présent se trouvent inextricablement liés par une mécanique implacable.
Lee Child, Britannique émigré à New York, est l’homme d’un unique héros, Jack Reacher, dont on suit les aventures depuis l’année 1997 à travers 16 livres, plus un film adapté de « Folie Furieuse », avec Tom Cruise. « Mission confidentielle » (8) est une enquête sur l’assassinat d’une femme de militaire dans une petite ville du Mississippi, alors que des hommes de l’unité semblent en cause et la hiérarchie prête à tout pour étouffer l’affaire. Mais l’intérêt du livre est peut-être surtout de dévoiler pourquoi Reacher, ancien officier de police militaire, est devenu un loup solitaire.
Côté français, Ghislain Gilberti nous invite, dans « le Bal des ardentes » (9), au cœur de Marseille, après un terrible attentat. Un spécialiste de l’antiterrorisme est détaché mais il apparaît que l’acte non revendiqué est lié au trafic de drogue et que le profil du poseur de bombes est plus proche de celui d’un tueur en série.
On reste dans le Sud avec Édouard Brasey et « l’Affaire Cabre d’or » (10), qui se déroule dans les années 1960 près du village de Gordes. Les restes carbonisés d’un lavandiculteur, connu pour son rôle trouble pendant l’Occupation, sont retrouvés dans sa DS incendiée, puis trois de ses enfants sont sauvagement assassinés ; le Maigret provençal qui mène l’enquête a pour seul indice un morceau de toison de chèvre dorée.
Jean-Luc Bannalec – pseudonyme d’un auteur allemand amoureux de la France –, offre dans « Étrange printemps aux Glénans » (11), un suspense fort en iode. Le paradis des voileux devient un enfer avec la découverte de trois cadavres de personnalités et l’enquête du commissaire Dupin, qui déteste le bateau, va révéler des secrets enfouis aux enjeux écologiques dramatiques.
(2) Robert Laffont, 301 p., 18 euros.
(3) Gallimard, 154 p., 14,90 euros.
(4) Robert Laffont, 265 p., 18 euros.
(5) Robert Laffont, 233 p., 18 euros.
(6) Flammarion, 490 p., 19,90 euros.
(7) Albin Michel, 500 p., 22,90 euros.
(8) Calmann-Lévy, 394 p., 21,90 euros.
(9) Anne Carrière, 399 p., 21,50 euros.
(10) Calmann-Lévy, 401 p., 20,50 euros.
(11) Presses de la Cité, 429 p., 21 euros.
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