CRÉÉ TOUT D’ABORD dans le cadre d’une Académie musicale en 2004, repris en 2008 à l’Athénée et à nouveau ces jours-ci dans ce même théâtre, « L’Autre Monde, ou les États et Empires de la Lune », de Savinien Cyrano de Bergerac, est un miracle de spectacle tout d’intelligence, de grâce, de subtilité musicale et dramatique.
Benjamin Lazar signe l’adaptation et la mise en scène du texte extraordinaire de l’écrivain savant et imaginatif qui, plus tard, inspira Edmond Rostand. En son temps (1619-1655), les livres de cet esprit féru de sciences et de philosophie furent pour la plupart interdits et ne circulèrent que sous le manteau. « L’Autre Monde » est considéré comme le premier roman français de science-fiction : on y voyage dans la lune, on explique comment la Terre tourne sur elle-même et autour du Soleil, comment on peut utiliser des machines volantes, comment on pourrait disposer de livres à écouter…
Pour nous rendre sensible ce grand voyage, Benjamin Lazar, qui a travaillé sous le regard de Louise Moaty, se contente d’un escabeau de bibliothèque, d’une chaise, d’un pupitre et de quelques bougies – une scénographie et des costumes d’Adeline Caron. Il possède une telle grâce, une telle connaissance des gestes qu’il nous donne le sentiment de s’envoler ou de se transformer en chou…
Benjamin Lazar dit le texte en restituant la prononciation baroque. Consonnes, finales sonores. Il parle cette langue française particulière avec une telle virtuosité que rien ne pèse, rien jamais ne semble artificiel.
Sur scène également, deux musiciens de l’Ensemble La Rêveuse, Florence Bolton (dessus et basse de viole), Benjamin Perrot (théorbe, guitare et luth baroques), qui ont choisi la vingtaine de morceaux qui accompagnent la représentation.
Ici, tout subjugue. L’esthétique comme le fond. Le texte est drôle par ses visions confondantes (scientifiques ou sociétales : on voit deux hommes se marier...) et séduit par sa beauté si bien restituée par Benjamin Lazar.
On est happé par le récit, le roman d’aventures plein de suspense. On est charmé par la musique, les lumières et on est époustouflé par la perfection du jeu, par la magie de la présence de Benjamin Lazar.
Théâtre de l’Athénée (tél. 01.53.05.19.19, /www.athenee-theatre.com), à 20 heures jeudi, vendredi, samedi, et 15 heures samedi (dernières). Durée : 1 h 40.
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