SANS DOUTE, évidemment, ceux qui avaient 20 ans autour de 1968, se reconnaîtront-ils dans ce spectacle blagueur et féroce, mais qui parle aussi de curiosité pour les grandes questions de l’existence, les grands textes de la littérature. Benoît Lambert, qui signe également la mise en scène, et Jean-Charles Massera, ont déjà proposé deux volets d’un questionnement de notre monde, dont ce « Que faire ? (Le retour) » serait l’aboutissement en triptyque.
Avec les deux premiers opus, on s’appuyait beaucoup sur les images, la vidéo. Ici rien de tel. C’est un théâtre « classique » avec son décor de cuisine dans un coin (à jardin) avec un vaste espace que l’on va très vite identifier comme le lieu des révisions déchirantes.
On ne vous racontera pas tout, car une partie de la jubilation du spectateur vient de la cocasserie des gestes, des actions, des postures, des questions. Notre couple doit réorganiser sa bibliothèque, déménager, quelque chose comme ça. Aussi doit-on renoncer à certains livres. Au hasard de leur examen, ils tombent sur de savants ouvrages qui ont dû énormément compter, pour eux. Mais que faire, comme dirait… Lénine ? Le metteur en scène et l’auteur cernent ainsi l’argument : « L’histoire d’un couple dans sa cuisine » et qui « commence à faire le tri dans l’Histoire ». Tout à trac et tout en vrac, voici « notre » histoire : la révolution russe, Nietzsche, Mai 68, l’art conceptuel,…
Mais que serait cette méditation blagueuse et très pertinente si les deux « personnages », qui revendiquent quelque chose de Bouvard et Pécuchet, n’étaient pas interprétés par deux immenses comédiens de théâtre, Martine Schambacher et François Chattot. Deux artistes rares et que l’on révère sur les scènes de France. L’un ressemble à un grand chat, un Don Quichotte toujours en route, l’autre ressemble à Giulietta Masina et elle est aussi exceptionnelle. À travers ces questionnements cocasses et profonds en même temps, c’est leur vie même que traversent ces deux artistes magnifiques qui sont des clowns magistraux et savent faire deviner ce qu’il y a d’amour, aussi, dans cette histoire unique en laquelle on peut se reconnaître.
La Colline (tél. 01.44.62.52.52, www.colline.fr), à 19 heures le mardi, à 21 heures du mercredi au samedi, le dimanche à 16 heures. Durée : 1 h 30. Jusqu’au 30 juin.
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