ARNAUD DENIS est un cas. Un jeune homme de 27 ans qui s’affirme depuis quelques années comme un artiste complet aux talents divers et sûrs. Il a été formé au théâtre, en anglais et en français, dès l’adolescence. Il a trouvé auprès de deux aînés, Jean Perimony, excellent pédagogue, et Jean-Laurent Cochet, un maître, un bel approfondissement. Il a été admis au Conservatoire mais a très vite repris sa liberté pour créer sa propre compagnie, Les Compagnons de la chimère. Depuis, il ne cesse d’entreprendre, jouant, mettant en scène, élaborant. On attend avec intérêt le texte qu’il a écrit d’après le procès de Nuremberg et que l’on verra à partir de janvier au Vingtième théâtre.
Pour l’heure, il est depuis fin juillet en scène au Lucernaire dans un exercice fascinant. « Autour de la folie » est une traversée de textes littéraires, de Shakespeare à Michaux en passant par Flaubert, Maupassant, Karl Valentin, jusqu’à une chanson de Francis Blanche en guise de conclusion, « Ca tourne pas rond dans ma p’tite tête », qu’interpréta notamment Odette Laure.
Il pénètre par la salle, dans un costume blanc qui peut être celui d’un patient comme celui d’un malade. Accompagné des lumières de Laurent Béal et d’un choix de musiques très prenantes, dont celles d’Alejandro Amenabar pour le film « les Autres », et jusqu’à Fréhel en passant par Verdi, il n’a comme décor que le plateau nu et des chaises que l’on voit devenir plus petites à mesure des textes.
C’est en anglais, par un dialogue réel entre un malade et un médecin que s’ouvre le spectacle. Cela peut déconcerter : aucune traduction n’est assurée, et même si c’est un texte simple, les spectateurs ont le droit de ne pas maîtriser la langue de Shakespeare. Mais c’est un détail et, très vite, on peut pénétrer sans barrière dans l’univers fascinant et déconcertant de la déraison et de la souffrance.
Le montage est intelligent et sensible. La liste des textes est donnée au public sur un document remis à l’entrée. On peut se laisser porter sans savoir qui parle. L’interprétation d’Arnaud Denis, tout en nuances, en subtilités d’état, de sentiment, vous happe. On est sous le joug d’une présence qui nous mène sur des sentes escarpées, jusqu’à des moments d’angoisse, de terreur, de désespoir, de délire mais aussi de fantaisie, d’imagination libre. On voyage et l’on réfléchit tout en étant ému. Du grand théâtre.
Lucernaire (tél. 01.45.44.57.34), 20 heures du mardi au samedi, dimanche à 17 heures, jusqu’au 16 octobre. Durée : 1 heure.
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