Un irrésistible ping-pong

Théâtre

Fabrice-Roger Lacan retrouve ici l’alacrité de « Cravate Club » et va plus loin en se jouant des formes classiques, pour, comme dans « Jacques et son maître », par exemple, donner aux deux personnages qu’il imagine la liberté de la narration et du commentaire.

Difficile à mettre en scène. Mais Bernard Murat est un artiste à la main sûre. Il fait débuter le spectacle dans un espace totalement nu, avec les deux « personnages » qui parlent l’un de l’autre. Ils sont voisins de palier. Elle est psychanalyste, il est publicitaire et conçoit des films pour vendre des yaourts. Elle est belle mais secrète, agressive, romanesque et seule. Il est charmeur et hâbleur, courtois, romanesque et seul. Chien et chat, un homme, une femme. Déjà vu ? Non, car la pièce a beaucoup d’originalité et est très bien montée : décor mobile et léger de Nicolas Sire, musique de Benjamin Murat, mouvement très intelligent et très bonne direction d’acteurs.

Les deux interprètes ont un charme personnel irrésistible, ils sont justes, fins, déliés, rieurs, élégants. Ils s’amusent. Une partie de ping-pong vive et brillante, avec Emmanuelle Devos, sensuelle et tout irisée de sentiments contradictoires, Édouard Baer, discipliné et audacieux, tout traversé de sentiments contradictoires. Deux beaux timbres, harmonieux et accordés. N’en disons pas plus, car tout est dans les subtils glissements de l’écriture, très musicale, et les mini-coups de théâtre de ce marivaudage sans cruauté excessive mais parfois féroce. La fin est heureuse et on le devine d’entrée sans que cela émousse le plaisir. Champagne !

Théâtre Edouard-VII (tél. 01.47.42.59.92, www.theatreedouard7.com), à 20 h 30 du mardi au samedi, en matinée le samedi à 17 h 30 et le dimanche à 15 h 30. Durée : 1 h 40.