« JE PARLERAI des petits aux grands et des faibles aux puissants. » Tel est l’un des principes de Victor Hugo lorsqu’il compose ce « théâtre en liberté » dans lequel on peut ranger aussi « l’Intervention » et « Mangeront-ils ? » Il n’y a rien de plus beau que ce Hugo si grand, si généreux, si sincèrement en colère. C’est dans l’exil de Guernesey qu’il composa « Mille francs de récompense », pièce dont il ne voulait pas qu’elle fût jouée de son vivant. Il situe l’action sous la Restauration. Il y a des bons, des vulnérables, un grand méchant, un homme très bon. Il y a le mal, l’argent qui corrompt, la cupidité, la lubricité en un seul homme, Rousseline (Laurent Meininger), et la générosité du cœur et de l’esprit, le courage, le sens de la justice en un homme qui tient de Jean Valjean et de Gavroche, Glapieu (Jérôme Huguet).
Il y a un vieux soldat qui gagne sa vie en donnant des leçons de piano, sa fille qui élève sa fille sans mari, des huissiers, un amoureux, des scènes d’intérieur et des extérieurs sous la neige, il y a les équivoques, les trahisons, les gestes d’audace, les méprises et à la fin la reconnaissance des « gentils » et la punition du manipulateur. Tout rentre dans l’ordre… mais Hugo veille encore !
Certaines répliques semblent écrites pour notre époque, argent et turpitudes obligent. Laurent Pelly met cela en scène avec vivacité et intelligence. Grâce aux décors superbes de Chantal Thomas, qui emprunte à plusieurs univers, de Daumier à Fellini, et grâce à une troupe remarquable, il donne une densité romanesque à ce mélodrame en prose qui n’est jamais ridicule. Il est joué sincèrement, sans aucune ironie. Et c’est ce qui nous touche. Pelly prend Hugo au sérieux et il a raison. Ce qui n’interdit jamais le rire, ni la distance amusée parfois. Il faudrait citer les 12 comédiens, et notamment Christine Brücher et Émilie Vaudou, les deux seules et belles figures féminines. Mais saluons aussi la vive générosité de Jérôme Huguet, la fermeté du trait de Laurent Meininger, diable à la Hoffmann, et la sensibilité Benjamin Hubert, l’amoureux. Entre autres, car, répétons-le, le secret de la réussite du spectacle tient à la troupe !
Théâtre de l’Odéon ( (tél. 01.44.85.40.40), à 20 heures du mardi au samedi, à 15 heures le dimanche. Jusqu’au 5 juin. Durée : 3 h 15, entracte compris.
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