LÉO ET GERTRUDE s’installent à Paris, au 27, rue de Fleurus, en 1903. Léo revient d’Italie, où il a découvert Cézanne dans le cercle du grand historien d’art Bernard Berenson. Il veut écrire une théorie de l’histoire de l’art et découvre l’impressionnisme au musée du Luxembourg. En 1905, il achète plusieurs Picasso de la période rose (« Grand Nu rose ») et se lie avec le peintre. La même année, il achète au Salon d’automne le tableau fauve qui fait scandale, « la Femme au chapeau », de Matisse, puis « le Bonheur de vivre » et « Nu bleu (Souvenir de Biskra) ». Cette dernière toile fascine Picasso, qui vient la voir rue de Fleurus. Première émulation artistique entre les deux peintres, qui aboutira aux « Demoiselles d’Avignon », dont le frère et la sœur achètent plusieurs études préparatoires, ainsi que « Nu à la serviette » (1907). En 1906, inspiré par le portrait de Cézanne de sa femme, Picasso fait le celui de Gertrude. C’est donc dans cet atelier que le lien se fait entre Cézanne, Picasso et Matisse. Dès 1908, Léo prend ses distances avec le cubisme qu’il traite d’intellectualisme, délaisse Matisse pour Renoir et s’installe en Italie en 1913. Gertrude transpose en écriture, dans « The Making of Americans », son approche du cubisme et restera l’amie fidèle de Picasso.
Sans préjugés.
Michael et Sarah s’installent en 1904 au 58, rue Madame, deviennent très proches de Matisse et constituent une collection exceptionnelle de son œuvre, rachetant même des tableaux de ses débuts. En 1914, à la demande de Matisse, ils prêtent 19 de leurs plus belles toiles au galeriste Berlinois Gurlitt, la guerre éclate et ils ne récupéreront jamais leurs tableaux. Leur dernier achat de Matisse en 1925, « le Thé dans le jardin », inspirera par ses couleurs flottantes les Américains Pollock et Stella. Toujours à l’avant-garde, ils demandent à Le Corbusier, en 1928, de construire leur nouvelle maison à Garches, avant de déménager à San Francisco en 1935 sous la pression du fascisme.
Les collections des Stein représentent l’avant-garde parisienne. Après la guerre, leurs peintres atteignent des prix inaccessibles pour eux. Gertrude soutient dans les années 1920 le post-cubisme, Gris, Braque, Masson, Picabia, en vendant des toiles de sa collection. Son mythe s’installe en Europe et aux États-Unis, soutenu par l’autobiographie de sa compagne Alice Toklas, parue en 1933.
L’exposition rend hommage à cette famille américaine au regard neuf, dépourvu de préjugés, qui a découvert l’avant-garde du XXe siècle, achetant dès les débuts des tableaux auxquels peu de personnes accordaient un intérêt et considérés depuis comme des chefs-d’œuvre
« Matisse, Cézanne, Picasso… L’aventure des Stein », Grand Palais (www.rmn.fr), tous les jours (sauf le 25 décembre) de 9 à 22 heures, le mercredi de 10 à 22 heures, le jeudi de 10 à 20 heures ; pendant les vacances scolaires, de 9 à 23 heures ; fermeture à 18 heures les 24 et 31 décembre. Jusqu’au 16 janvier.
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