Classique
Après un mémorable « Tristan » en 2011, Alex Ollé, de la Fura dels Baus, revient à Lyon pour monter « le Vaisseau fantôme », opéra de jeunesse de Wagner qui a, par son inspiration romantique, tous les ingrédients nécessaires à un spectacle fantastique dans la tradition de ce collectif catalan de metteurs en scène. Fantastique, le spectacle l’est grâce au décor ingénieux d’Alfons Flores, un chantier de démolition navale (Chittagong, quelque part à la frontière entre le Bangladesh et la Birmanie, d’après le metteur en scène) et une grève sablonneuse, aux projections vidéo de Franc Aleu, hallucinantes quand elles figurent les flots tempétueux ou les marins fantomatiques du vaisseau du Hollandais volant, et aux éclairages virtuoses d’Urs Schönebaum.
Pour évoquer le monde marin, Ollé est passé de la pêche en mer Baltique à un Orient pétrolier et l’histoire fonctionne parfaitement, même si quelques kalachnikovs et tenues de guérilla paraissent un peu puérils. Mais on ne peut passer sous silence la baisse de régime du metteur en scène, depuis quelque temps, concernant la direction d’acteurs. Les chanteurs sont trop souvent laissés à eux-mêmes. Le grand duo entre Senta et le Hollandais était ainsi d’une navrante platitude. La fin aussi est bâclée, avec Senta qui meurt debout face au rideau, comme certaines Isolde le font encore.
Le choix des chanteurs, presque tous dans des prises de rôle, n’est pas très heureux, aucun n’ayant le profil vocal requis. Les hommes particulièrement, avec un Daland (Falk Struckmann) usé vocalement, un Erik (Tomislav Muzek) loin du compte pour la dimension lyrique, même si le personnage hyperviril qu’il incarne est assez original, et surtout un Hollandais (Simon Neal) à la voix trop claire et sans l’indispensable cantabile, sans parler de l’absence de dimension surnaturelle, le maquillage de mort-vivant ne suffisant pas à caractériser un personnage. À la Senta de Magdalena Anna Hofmann, chanteuse incandescente et exaltée, il manque aussi un supplément d’âme permettant de rendre à son personnage sa dimension surnaturelle.
On louera en revanche à juste titre la performance du Chœur de l’Opéra de Lyon, autant les hommes marins que les femmes fileuses, devenues ici ouvrières. La direction de Kazushi Ono privilégie les détails, avec des moments tout à fait extatiques, mais manque de la tension romantique qui est le nerf de l’œuvre. Un grand spectacle, certes, qui pourrait être immense repris par des chanteurs plus appropriés.
Une belle saison
Serge Dorny continue de faire de l’Opéra de Lyon la plus intéressante scène régionale française. Comme il a été reconduit dans son mandat, on peut espérer encore quelques saisons aussi passionnantes que celle qui commence. « Rusalka », de Dvorak, avec Camilla Nylund dans le rôle de l’Ondine, devrait en être un temps fort, pour les fêtes de fin d’année. Le festival annuel aura cette saison, en mars, pour thème « les jardins mystérieux » et proposera « les Stigmatisés » de Schreker, « Orphée » de Gluck et, après son succès à l’English National Opera, « le Jardin englouti » de Michel van der Aa. Le Ballet affiche des chorégraphes tels que Millepied, Forsythe, Marin, De Keersmaeker et Karl Biscuit. Heureux Lyonnais !
Opéra de Lyon, tél. 04.69.85.54.54, www.opera-lyon.com.
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série