UNE PRODUCTION exigeante, forte, un propos élevé, une pièce accessible, une interprétation qui décuple l’épaisseur humaine des personnages : « Collaboration » est une réussite. Du dramaturge britannique Ronald Harwood, on connaissait « À torts et à raisons », qui met face à face le chef d’orchestre Wilhelm Furtwängler et un officier américain chargé, après la guerre, d’examiner les relations du musicien avec le pouvoir nazi… Il arrive que les deux pièces soient jouées en alternance. Et il est vrai qu’elles se répondent.
Dans « Collaboration », on va de 1931 à 1948. De la rencontre de Richard Strauss, musicien allemand célébré, et de Stefan Zweig, écrivain autrichien reconnu, de la montée du national-socialisme à l’après-guerre en passant par le suicide de l’auteur de « la Confusion des sentiments », en 1942 au Brésil.
Traduite par Dominique Hollier, mise en scène avec délicatesse par Georges Werler, la pièce est découpée en scènes brèves et nous conduit de Garmisch à Munich en passant par Salzbourg, Dresde, où l’opéra de Strauss, sur un livret de Zweig, « la Femme silencieuse », est créé en juin 1935. Décor élégant de Pace, lumières de Jacques Puisais, son de Jean-Pierre Prévost avec de très belles pages musicales et les costumes, toujours très bien pensés et beaux de Pascale Bordet, la production est soignée.
Peu de personnages. Un huissier (Patrick Payet), le directeur de l’opéra (Sébastien Rognoni, bien dessiné), Hans Hinkel, le représentant de Goebbels (Éric Verdin, inquiétant à souhait). La compagne de l’un, Lotte (Stéphanie Pasquet, très juste), Pauline, ancienne cantatrice, épouse de l’autre. Très présente, elle est interprétée tout en finesse, avec saveur, par Christiane Cohendy. Tout se joue pour l’essentiel entre le Zweig de Didier Sandre, douloureux, abîmé de doutes, déchiré, hanté par la réalité, inquiet, lucide, et le Strauss de Michel Aumont, loyal, courageux – il défend son ami juif contre le pouvoir nazi sans trembler –, hanté par sa musique, ayant cru en Hitler mais sachant la violence du temps et soucieux de protéger sa belle-fille juive. Deux immenses comédiens, face à face, comme deux virtuoses, deux poètes des plateaux, deux grands esprits qui ont traversé les œuvres, l’épaisseur des livres et des compositions pour incarner mieux, au regard, au silence, au soupir près deux grands personnages, deux personnages combattants portés au plus haut. Bouleversant.
Théâtre des Variétés (tél. 01.42.33.09.92, www.theatredesvarietes.com), du mardi au vendredi à 20 h 30, le samedi à 21 heures et le dimanche à 16 h 30.Traduction de Dominique Hollier publié par « l’Avant-scène Théâtre » (n° 1 306, 1 euros). Durée : 1 h 45.
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