Jazz français

Une appellation d’origine protégée

Publié le 22/06/2015
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Laurent Coq et Walter Smith III

Laurent Coq et Walter Smith III
Crédit photo : É. GARAULT

Michael Cheret

Michael Cheret
Crédit photo : DR

Héros français de l’Amérique, Gilbert du Motier, marquis de La Fayette, est à la mode ces derniers temps. Outre la reconstruction à l’identique et le voyage de « l’Hermione », la frégate de la liberté, le combattant et symbole de l’amitié franco-américaine fait l’objet d’un album de jazz ! À la tête d’un très solide quartet, le pianiste français Laurent Coq et le saxophoniste-ténor américain Walter Smith III ont tenu à célébrer à leur façon les exploits de l’aristocrate dans « Lafayette Suite » (Jazz&People/Harmonia Mundi). Comme son intitulé l’indique, il s’agit d’une longue suite en dix mouvements, dont les titres, comme « General George Washington » ou « Yorktown », évoquent l’engagement et le destin du marquis. Ils sont de la plume des coleaders et, dans les nombreux échanges, laissent avant tout poindre une musique libre, souvent audacieuse et très ouverte.

De l’audace, le saxophoniste-ténor Michael Cheret n’en manque pas. Pour son dernier et quatrième album en tant que leader, celui qui a promené son instrument dans des formations aussi variées que Mambomania, le grand orchestre d’Antoine Hervé ou celui de Frank Lacy, a choisi de s’exprimer au sein d’un trio sans piano. En cela, « Trio Live / Vol 1 », son nouvel opus, fait totalement allégeance et référence à son mentor, l’immense Sonny Rollins, qui avait expérimenté cette formule vers la fin des années 1950. Associé à Simon Tailleu (contrebasse) et Antoine Paganotti (batterie), Michael Cheret explore les standards (Jerome Kern, Gene DePaul/Don Raye) et les compositions de grands noms du jazz (Miles Davis, Charles Mingus, Joe Henderson), sans oublier un thème de Rollins, et évoque ainsi à la fois la tradition, le respect et une certaine modernité.

Musiques de films

Saxophoniste-ténor, Barney Wilen (né Bernard-Jean à Nice en 1937 dans une famille franco-américaine, décédé en 1996 à Paris) s’est principalement fait connaître lorsque Miles Davis l’a appelé au sein de son groupe pour tourner en Europe en 1957 et surtout graver la musique d’« Ascenseur pour l’échafaud », le film devenu légendaire de Louis Malle, le seul survivant de la séance étant le pianiste René Urtreger, 80 ans. Afin de (re)faire connaissance avec ce musicien qui a eu l’occasion de côtoyer les plus grands jazzmen de cette époque, il faut se plonger dans « Barney Wilen - Premier chapitre 1954-1961 » (Frémeaux & Associés). Dans ce triple CD, on redécouvre des extraits de ses participations à des enregistrements très connus, comme, outre « Ascenseur », les musiques des films « les Liaisons dangereuses » (avec les Jazz Messengers d’Art Blakey) ou « Un témoin dans la ville ». Et on appréciera avec un grand intérêt des moments moins connus, voire inconnus, comme ses prestations au Festival de jazz de Cannes en 1958 (avec des géants du ténor comme Stan Getz, Coleman Hawkins, Don Byas), à Newport en 1959 et surtout des séances réalisées à Milan en 1961. Un grand monsieur du saxe.

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du Médecin: 9422