QUOI DE NEUF ? Quoi de jeune ? Quoi de politique ? Quoi de drôle, de féroce, de sentimental, de déchirant, de triste ? Musset ! Revoir « On ne badine pas avec l’amour » nous le rappelle. La pièce, publiée en 1834 dans « la Revue des deux mondes », ne sera créée au Français qu’en 1861, après la mort du poète en 1857. Depuis, ici et là, elle a été très souvent reprise (mais on ne l’a pas vue au Français depuis 78 !) et chacun, pour peu qu’il aime le théâtre, connaît ces personnages si attachants, adultes rigides, jeunes gens cruels dans les affres de l’amour.
Yves Beaunesne inscrit son spectacle dans une scénographie particulière de Damien Caille-Perret, qui enveloppe l’espace de grands aplats de couleurs, peinture abstraite inspirée d’ébauches de Gustave Moreau, qui n’est visible qu’à la fin. Lorsque débute l’action, on est plutôt dans une grande demeure un peu décatie, avec un miroir monumental et une table de billard. Entre les deux, un rideau de format brechtien, un peu étrange, mais qui permet les scènes à la dérobée et les regards qui épient. Les beaux costumes de Jean-Daniel Vuillermoz sont entre les années 1950 et les années 1960 pour les jeunes et Dame Pluche, très chic, Camille et Rosette en jupes à danser, Perdican, jean et tee-shirt. Le baron et les barbons, curé ou gouverneur, sont traités plus à l’ancienne, inscrivant le décalage.
La distribution est excellente, avec les aînés, Christian Blanc, faible Blazius, Pierre Vial, Bridaine, qui s’égare. Une jeune recrue (elle retrouve la maison) dessine avec subtilité et esprit Dame Pluche, c’est Danièle Lebrun, qui se régale. On retrouve aussi un grand sociétaire honoraire, Roland Bertin, en père aimant mais qui veut tout décider pour ses enfants. Sa gourmandise à interpréter le père de Perdican est palpable. Quel grand interprète ! Mais la jeunesse, ici, est remarquable elle aussi. Rosette possède la grâce nerveuse de Suliane Brahim ; Julie-Marie Parmentier est une Camille qui va céder à la vérité de son cœur et se déchire sous nos yeux ; Perdican est interprété par le très séduisant et fin Loïc Corbery, qui n’a nul égard pour la pauvre petite paysanne qu’il a trompée. C’est violent, c’est cruel. C’est fascinant et moderne. C’est Musset que l’on écoute subjugué, car l’écriture scintille et, sans peser, nous conduit au fond des cœurs.
Théâtre du Vieux-Colombier (tél. 01.44.39.87.00 et 01, www.comedie-francaise.fr), mardi à 19 heures, du mecredi au samedi 20 heures, dimanche 16 heures. Durée : 1 h 40. Jusqu’au 26 juin.
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