ON INCRIMINERA d’abord la scénographie. On louait la semaine dernière la vision superbe d’Yves Collet pour l’« Antigone » de Sophocle jouée par le Théâtre national palestinien. Le même artiste signe, pour « Victor ou les Enfants au pouvoir », un décor qui compromet le travail de metteur en scène d’Emmanuel Demarcy-Mota.
Ce grand cube translucide cerné d’une mer de feuilles mortes figurant l’extérieur, cet arbre dont on aperçoit au loin les gigantesques racines – qui, bien sûr, envahiront la maison à la fin –, ce bassin d’eau croupissante dans lequel s’ébrouent les protagonistes, tout ce grand déploiement de pourrissement extérieur ne sert à rien.
Ce qui importe, ici, c’est la pièce elle-même. A-t-elle été trop coupée ? On ne retrouve pas la férocité terrible et le désespoir déchirant. Le comédien qui joue Victor, cet enfant de 9 ans qui mesure 1,80 m et veut tellement mourir, cet enfant qui se révolte devant les mensonges des adultes, est interprété par un jeune acteur que l’on aime beaucoup, Thomas Durand. Mais quelque chose flotte. Victor et ses proches flottent dans cet espace trop vaste et les autres comédiens, excellents eux aussi, ne sont pas au meilleur d’eux-mêmes. Saluons Laurence Roy en Ida Mortemar, la charmante Esther, 6 ans, d’Anne Kaempf, le général inquiétant de Philippe Demarle. Mais, sans qu’ils soient en cause, les couples des parents – qui se trompent, évidemment – ne sont pas à l’aise. Serge Maggiani et Hugues Quester, Élodie Bouchez et Valérie Dashwood ne sont pas en cause, mais ils ne sont pas bien dirigés, tout comme le médecin de Stéphane Krähenbühl et la bonne, Lili, Sarah Karbasnikoff.
On n’aime pas ne pas aimer un spectacle d’Emmanuel Demarcy-Mota, mais, lui qui reprend parfois ses productions, lui qui ne craint pas les repentirs, devrait s’interroger. Rater Victor, c’est bien dommage. Est-ce qu’il n’a pas trop intellectualisé son propos ? Est-ce qu’il n’a pas trop joué au dramaturge ?
Théâtre de la Ville, 20 h 30 jusqu’au 24 mars (tél. 01.42.74.22.77, www.theatredelaville-paris.com). Durée : 1 h 45 sans entracte. Puis, en une longue tournée, à Saint-Étienne, La Rochelle, Rennes, Cergy-Pontoise, Reims.
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