DEVANÇONS vos réserves : un peu long, un peu sombre. Les metteurs en scène Bernard Sobel et Michèle Raoul-Davies auraient pu, sans dommage, accélérer le rythme et donner plus d’éclat à la représentation de « l’Homme inutile ou la conspiration des sentiments ». La très belle scénographie de Lucio Fanti installe l’Union soviétique des années 1920-1930 avec les silhouettes d’immeubles. Futuristes, constructivistes. Il joue le noir et seules les lumières d’Alain Poisson ravivent l’espace.
L’époque est trépidante. L’utopie sociale et politique de la Révolution va-t-elle s’épanouir en un monde libre et heureux ou sera-t-elle pétrifiée ? Iouri Olecha, dont Sobel, il y a quelques saisons, nous avait offert « Mendiant ou la mort de Zand », craint de connaître la réponse. Il reprend des figures de son roman « l’Envie », un couple de frères ennemis. Le communiste Andreï Babitchev (Pascal Bongard), industriel de l’alimentation qui sait le pouvoir des mots sur les pratiques de consommation et vit comme un nabab ; Ivan Babitchev (John Arnold), un oreiller serré contre lui, poète entre deux vins qui rêve d’une autre Révolution, sensuel carnaval des humbles. Rôde, exalté, Nicolaï Karavalov (Vincent Minne), l’étudiant qui pourrait occire l’affairiste. Ajoutons une jeune fille qui a du tempérament (Sabrina Kouroughli), des personnages hauts en couleur (certains sont notamment joués par Claude Guyonnet).
La traduction de Marianne Gourg sonne bien et le spectacle est porté par une interprétation excellente. On suit les aventures de ces humains grisés ou blessés par le temps, de rebondissement en rebondissement, en riant beaucoup sans jamais perdre le fil tragique. Au soir de sa vie, Olecha, qui avait connu la célébrité dès les années 1920-1930, fut muselé par le pouvoir, sombra dans la pauvreté profonde, ne cessa jamais d’écrire. On peut lire « le Livre des adieux » (Éditions du Rocher). Quel courage en cet homme !
La Colline (tél. 01.44.62.52.52, www.colline.fr), mardi 19 h 30, du mercredi au samedi 20 h 30, dimanche 15 h 30, jusqu’au 8 octobre. Durée : 2 h 30 sans entracte.
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