Idées
Au départ il y a l’effroi et le dégoût. Un déferlement d’injures antisémites sur son site Internet, plus une « scène primitive » qui va inciter Frédéric Haziza à prendre la plume pour dire que la démocratie est menacée.
Le lendemain de la « Manif » des opposants au mariage pour tous du 17 novembre 2012, une droite bien peignée se voit débordée par une extrême-droite déchaînée. On conspue « l’inceste et la polygamie » qui menaceraient, des bagarres éclatent, au cours desquelles la journaliste Caroline Fourest est tabassée.
Frédéric Haziza voit un symptôme dans la manière dont l’extrême-droite antirépublicaine côtoie et déborde des personnalités politiques honorables. « Un tabou est alors brisé, dit-il, lorsque des saluts nazis et des injures racistes et homophobes sont tolérés comme respectables. »
Compliquée est la fachosphère. Cela va du vieux nostalgique du pétainisme et de l’OAS au jeune nervi soucieux de casser de l’immigré. Mais presque tout et tous mènent à Serge Élie Ayoub. Mêlé à la mort de l’étudiant Clément Méric, Ayoub a créé en 1987 un groupe de skinheads, les JNR (Jeunesses nationalistes révolutionnaires). Sa vie est un roman. Après avoir tâté du hard rock, du porno, et des « affaires », qui le conduiront en prison, il apparaît au cœur de tous les réseaux d’extrême-droite et de skins depuis une vingtaine d’années. Dans tous ses meetings et ses proclamations reviennent les références au Troisième Reich. La chanson fétiche de son groupe de hard-rock portait le titre délicat de « Zyklon Army ».
N’est-ce pas suffisant pour que se fasse une jonction avec l’immense tête pensante du groupe, Alain Soral ? On pourrait réduire, résumer ce dernier à ce qu’il déclare - « Je ne suis pas d’extrême-droite, je suis national-socialiste » - et à ce qu’il est, un antisémite maladif. Adepte forcené du « complot juif », dont il voit la main partout, Soral doit être crédité d’une grande trouvaille, ne jamais dire « juif » mais « sioniste », pour se mettre à l’abri d’une condamnation.
Soyons honnêtes, Soral est bien l’inventeur d’une tactique, cultiver le vieux mythe du juif qui gouverne la planète pour annexer les musulmans, en particulier les jeunes Beurs de banlieue. Une stratégie reprise par un ex-humoriste traînant après lui une kyrielle de négationnistes et d’islamo-fascistes.
Bien sûr, lorsqu’il évoque la planète brun-marine, Frédéric Haziza risque d’être soupçonné d’analyses opportunistes. Mais large et très bien maillée est la toile de la fachosphère, de sorte que les relativement respectables y jouxtent les infréquentables.
Frédéric Haziza, « Vol au-dessus d’un nid de fachos », Fayard, 175 p., 15 euros.
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