SI LE TITRE est le plus connu de toutes ses comédies, « le Jeu de l’amour et du hasard » n’est pas la pièce la plus jouée de Marivaux et la retrouver est déjà un pur bonheur. Trois actes en prose qui furent créés par les Italiens en 1730. L’argument est apparemment simple. Avec la généreuse autorisation de son père Orgon (Christian Hecq), Silvia (Léonie Simaga) obtient d’échanger son vêtement avec sa servante Lisette (Suliane Brahim). Elle veut ainsi observer le jeune homme qu’on lui promet en mariage. Dorante (Alexandre Pavloff) a eu la même idée et Arlequin (Pierre Louis-Calixte) a pris son identité. Orgon est au courant et met dans la confidence son jeune fils Mario (Pierre Niney). Ces travestissements n’empêchent pas les cœurs de s’éprendre : Silvia et Dorante d’un côté, Arlequin et Lisette de l’autre. Mais évidemment chacun croit qu’il aime quelqu’un d’un autre rang que lui et cela cause bien des tourments dans cette société.
Galin Stoev, qui signe la mise en scène, a imaginé la scénographie en forme de labyrinthe, métaphore de l’intrigue et des égarements du cœur, de l’esprit et des corps. Les costumes sont assez déroutants, mais on oublie toute réserve tant le jeu est sublime. Les personnalités des comédiens comme la manière dont ils sont dirigés subjuguent. Le metteur en scène ne sacrifie pas la cocasserie, le rire, mais il met à nu la cruauté, le désappointement, par exemple lorsque Lisette s’aperçoit qu’elle n’aime et n’est aimée que d’un simple valet et Suliane Brahim est délicieuse. Christian Hecq est sobre et son Orgon ne cache pas une certaine délectation à voir la jeunesse perdue. Son fils Mario est dessiné comme un enfant délicat et fantasque, pas mécontent d’entrer dans le jeu, malicieusement. Pierre Niney, récemment engagé, est très bien. Jamais on n’a vu un si touchant Arlequin que celui qu’incarne avec finesse Pierre Louis-Calixte. Dorante est interprété par le grand Alexandre Pavloff, dans la retenue, sans effet et il est d’autant plus bouleversant. Silvia a la grâce de Léonie Simaga. Elle est fascinante, tant elle met d’intelligence et de subtile dans son personnage. La musicalité des six comédiens, leur art, leur jubilation palpable, tout ici enchante.
Comédie-Française, salle Richelieu (tél. 0825.10.16.80, www.comedie-francaise.fr), en alternance jusqu’au 31 décembre, à 20 h 30 en soirée, 14 heures en matinée. Durée : 1 h 50.
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série