Chaque fois, la pièce d'Ibsen nous fait le même effet : on a le sentiment que l’écrivain l’a écrite pour notre époque, pour notre temps, notre présent. Or « Un ennemi du peuple » date de 1883. La pièce occupe une place particulière dans l’œuvre du Norvégien (1828-1906), aux inspirations si diverses, de « Brand » (1866), tragédie de l’idéalisme, à « John Gabriel Borkman » (1896) ou « Solness le constructeur » (1892), portraits d’hommes puissants qui s’égarent, en passant par l’immense voyage initiatique avec « Peer Gynt » (1867) et les déchirants drames dont les femmes sont les héroïnes, « Maison de poupée » (1879), avec le personnage immortel de Nora, « le Canard sauvage » (1884), « Hedda Gabler » (1890).
« Un ennemi du peuple » est souvent mis en scène. On n’oublie pas Jean-Louis Hourdin et Thomas Ostermeier, abattant le 4e mur au moment de la réunion publique au cours de laquelle le Dr Tomas Stockmann tente de prévenir ses concitoyens, contré qu’il est par son propre frère, préfet indifférent aux conséquences médicales de la pollution qui a touché l’établissement des eaux de la ville.
L’intrigue est simple : le Dr Stockmann a fait une enquête et prouvé que les eaux de l’établissement thermal qui fait la richesse de sa ville natale sont polluées. Il veut le faire savoir. Mais les notables s’opposent à lui. Son propre frère, son beau-père, et bientôt les journalistes vont le laisser tomber…
Jean-François Sivadier ne renonce en rien à son esthétique, à son vocabulaire scénique, à sa manière de faire du théâtre. Un grand plateau en désordre, dont il signe la scénographie avec Christian Tirolle et qui induit la manière dont tout va se jouer. Il s’appuie, comme toujours, sur des comédiens talentueux, en tête desquels un Nicolas Bouchaud excellent en Tomas face au terrible Peter, son frère, Vincent Guédon. Agnès Sourdillon, épouse active, Jeanne Lepers, fille activiste, sont magnifiques. Mais chacun ici est formidable.
La scène du débat permet à Nicolas Bouchaud, le lanceur d’alerte, d’interpeller les spectateurs, jusqu’à s’interroger sur le sens même du théâtre.
– Théâtre de l’Europe à l’Odéon 6e, jusqu'au 15 juin (20 heures du mardi au samedi, 15 heures le dimanche). Durée 2 h 40 sans entracte. Tél. 01.44.85.40.40, www.theatre-odeon.eu – En tournée d’octobre 2019 à février 2020.
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