ON CONNAÎT PEU, en France, Ferdinand Bruckner (1891-1958). Il était né à Vienne, avait fait des études de droit, de médecine, de philosophie et de musique à Vienne et à Paris. C’est à Berlin qu’il fonda en 1923 le Renaissance Theater. En 1933 il dut fuir le régime nazi et s’exila aux États-Unis en 1936, après avoir erré de Vienne à Paris via Zurich. Il ne devait revenir à Berlin qu’en 1947.
« Les Criminels » datent donc de 1928. Des années avant « la Vie mode d’emploi » de Georges Perec, on assiste à la vie d’un immeuble et l’on découvre les crimes ordinaires des uns et des autres. Dans une deuxième partie, on retrouve les personnages devant la justice. Tout se joue en parallèle. Une construction dramatique très étonnante que Richard Brunel résout en installant une double tournette (scénographie d’Anouk Dell’Aiera) qui permet de pénétrer dans les différents appartements. Les crimes ? Un homme veut dénoncer un homosexuel, une étudiante enceinte veut donner son enfant à une femme, tromperies, trahisons, lâchetés, crimes quotidiens et lourdes tragédies…
Dans la deuxième partie, on est au tribunal et là se déploie toute la férocité d’un monde qui cherche des coupables et les écrabouille sans état d’âme. Le personnage de Gustav Tunichtgut, incarné par un Claude Duparfait hallucinant, est à cet égard impressionnant.
Seize comédiens, de plusieurs générations, sont réunis sur le vaste plateau de la Colline. Ce n’est pas un spectacle facile. Il faut suivre ! Les comédiens changent de personnages. Ils sont précis, aigus. Mais il est vraiment intéressant de découvrir cette pièce très rarement montée en France et de goûter à ce travail exigeant et réussi.
La Colline (tél. 01.44.62.52.52, www.colline.fr), à 19 heures le mardi, à 20 h 30 du mercredi au samedi, en matinée le dimanche à 15 heures. Durée : 3 heures (1 heure, entracte, 1 h 45). Jusqu’au 2 mars.
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