IL N’EST JAMAIS simple de donner corps, littéralement, à un personnage aussi connu qu’Anne Frank. Aussi ne peut-on que louer les artisans de cette production d’avoir choisi une toute jeune fille aux cheveux blond vénitien pour incarner l’adolescente brune. Ici, les ressemblances sont intérieures et c’est aussi la réussite d’Éric-Emmanuel Schmitt écrivant une nouvelle version théâtrale de l’histoire connue par le Journal.
L’écrivain s’est inspiré du texte composé entre juin 1942 et août 1944. En juillet 1942, Otto Frank installe sa famille et quelques amis dans « l’annexe » de son entreprise d’Amsterdam. Ils sauront que les alliés ont débarqué en Normandie, mais, dénoncés, seront arrêtés le 4 août 1944. Anne et sa grande sœur, de trois ans son aînée, Margot, meurent du typhus à Bergen-Belsen en mars 1945. Leur mère deux mois plus tôt à Auschwitz-Birkenau. Seul Otto reviendra.
Le décor de Stéfanie Jarre reproduit l’espace confiné de la cache mais évoque aussi les voyages sinistres vers les camps. Côté cour, le bureau d’Otto, qui découvre le journal de sa fille, une adolescente ardente, intelligente, d’une vitalité malicieuse.
N’en disons pas plus. Dans les nouveaux fauteuils très confortables du Théâtre de la Gaîté, on suit le quotidien et les espérances, les sentiments, les mouvements d’humeur et les rêves des reclus. La mise en scène de Steve Suissa est très précise, sa direction d’acteurs fine et profonde et la distribution, on l’a dit, est excellente. Neuf interprètes qui savent trouver un bel équilibre entre saveur et émotion – car l’on rit dans cette maisonnée : Yann Babilée Keogh, Odile Cohen, Yann Goven, Charlotte Kady, Katia Miran, Bertrand Usclat, Gaïa Weiss. Francis Huster est d’une grande tenue et Roxane Duran est miraculeuse de grâce, de justesse. Voix bien placée, élocution parfaite, charme malicieux d’Anne, elle est vivante, vibrante, magnifique.
Spectacle d’émotion mais jamais racoleur, cette nouvelle version du « Journal d’Anne Frank » mérite d’être vue par un très large public : ici, on apprend ; ici, la jeunesse n’oubliera plus l’Histoire.
Théâtre Rive-Gauche (tél. 01.43.35.32.31, www.theatre-rive-gauche.com), à 21 heures du mardi au samedi et en matinée le samedi et le dimanche à 15 h 30. Durée : 1 h 45.
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