« Marguerite Duras, les trois âges »

Une traversée de l’écriture

Publié le 24/02/2014
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Crédit photo : N. HERVIEUX

Théâtre

Elle aurait eu cent ans cette année et Marguerite Duras n’a jamais été aussi présente sur les planches qu’en ce moment. À l’Atelier, trois propositions différentes, chacune révélant un aspect du tempérament et de l’écriture de l’auteur de « Barrage contre le Pacifique ». C’est Laura Pels, la directrice du théâtre, qui a souhaité qu’Emmanuelle Riva joue « Savannah Bay ». C’est la comédienne d’« Hiroshima mon amour » qui a pensé à Anne Consigny pour jouer avec elle. C’est ensemble qu’elles ont suggéré le nom de Didier Bezace pour les mettre en scène.

Commençons par « Marguerite et le président », transposition d’un entretien accordé à l’écrivain, son amie des années de guerre, par François Mitterrand. Ce long échange avait été publié par « l’Autre Journal ». Une première version, avec Jean-Marie Galey et une petite fille à nattes assise crânement face au chef de l’État, avait fait beaucoup rire. Le temps a passé. Galey est excellent et s’amuse à ressembler de plus en plus à son illustre modèle. Mais le temps adoucit les sucs acides.

Dans « le Square », que Didier Bezace avait monté il y a plusieurs années, il joue lui-même l’homme perdu qui engage la conversation avec une jeune employée de maison. Clotilde Mollet est magnifique et Bezace impressionnant.

« Savannah Bay » a connu deux versions et le metteur en scène les a mixées. Cela donne une pièce plus puissante, plus claire, plus émouvante. Dans l’accord de jeu des deux comédiennes, jeune et vive Anne Consigny, hiératique et mystérieuse Emmanuelle Riva, il y a de la grâce, de la douleur, une infinie tendresse. Les timbres des voix, les silences, tout ici est harmonieux et bouleversant. C’est très beau.

Théâtre de l’Atelier (tél. 01.46.06.49.24, www.theatre-atelier.com), jusqu’au 9 mars, « Savannah Bay » à 21 heures du mardi au samedi, dimanche 19 heures. « Marguerite et le Président » et « le Square » en alternance du mardi au samedi à 19 heures et dimanche à 15 et 17 heures (soit l’intégrale le dimanche). Chaque pièce : 1 heure environ.

Armelle Héliot

Source : Le Quotidien du Médecin: 9304