LORSQUE Copi ( 1939-1987) écrivit « Une visite inopportune », sa dernière pièce, il luttait contre le sida, il connaissait les longs séjours à l’hôpital. Il savait qu’il allait mourir. Jorge Lavelli, comme lui de culture argentine, créa ce texte grinçant et terrible à la Colline au tout début de 1988, quelques semaines, après la disparition du dessinateur de « la Femme assise », le 14 décembre 1987. On riait, mais la pièce était montrée dans ce qu’elle a de profondément tragique.
Le temps a passé. En 2001-2002, on avait revu la pièce à la Comédie-Française dans une mise en scène de Lukas Hemleb. Elle était prise au sérieux : l’excès n’était qu’affleurement du désespoir. Philippe Calvario est d’une autre génération encore. Il fait de la pièce une farce avec couplets lyriques et demande aux interprètes une expressivité outrancière. Pourquoi pas ? Le public, dans sa majorité, s’amuse. Il y a sur le plateau deux personnalités très fortes. Michel Fau qui incarne Cyrille, le malade et Marianne James, qui est Regina Morti, figure macabre de cantatrice envahissante. Il y a une cohérence dans le projet et dans la manière dont il se développe. Mais l’on perd complètement la dimension déchirante de la pièce, malgré le regard souvent perdu du Cyrille de Michel Fau et l’ambivalence très bien traduite par Marianne James de la chanteuse venue de l’au-delà et qui y retourne…
Dans un décor de chambre d’hôpital, assez réaliste apparemment, on est du côté d’un rêve et, plus exactement, d’un franc cauchemar. Ainsi l’infirmière survoltée, interprétée par Sissi Duparc, qui de sa voix volontairement haut perchée déchire les oreilles des protagonistes, est-elle jouée d’une manière délibérément exhibitionniste. Le médecin (Louis Arène) est déjanté, comme une marionnette à l’abandon ; le journaliste a l’air paumé comme il se doit (Lionel Lingelser) ; dans le rôle de l’ami dandy, Éric Guého parvient à tenir le fil de l’émotion vraie, comme le font Michel Fau, de son phrasé douloureux et Marianne James, belle nature originale, qui offre des moments cocasses, des moments terribles mais aussi quelque chose de bon enfant, ce qui est l’une des vérités de Copi.
L’apparition de deux « Sœurs de la perpétuelle indulgence », à la fin, vient confirmer que Philippe Calvario a souhaité une couleur dominante. Mais, répétons-le : pourquoi pas ?
Théâtre de l’Athénée (tél. 01.53.05.19.19, www.athenee-theatre.com), mardi à 19 heures, du mercredi au samedi à 20 heures, matinées exceptionnelles le dimanche 9 avril à 16 heures et le samedi 9 à 15 heures. Durée : 1 h 20. Les textes de Copi sont publiés par Christian Bourgois.
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série