CLAUDEL est l’audace même, on en prend à nouveau la mesure en revoyant, en réentendant « l’Échange ». Bernard Lévy, dont on avait vu ici même, à l’Athénée, un remarquable « En attendant Godot », a choisi la version de 1951 d’une pièce initialement composée à Boston en 1893-1894.
Trois actes, un décor de vaste nature, deux couples. Un jeune métis qui a du sang indien, Louis Laine (Pierric Plathier), la jeune Française, un peu plus âgée que lui, qu’il a enlevée et épousée, Marthe (Audrey Bonnet), un financier de Wall Street, Thomas Pollock Nageoire (Pierre-Alain Chapuis), une comédienne qui aime séduire et boit sans fin, Lechy Elbernon (Aline Le Berre). Trahisons, jeux dangereux, mort au bout du chemin. Une tragédie. Mais avec des bouffées de cocasserie, quelque chose de très grinçant qui court tout du long. Et puis cette langue, si belle, si goûteuse, si captivante.
Une sorte de mobil-home sur une plage et, projetés sur un écran suspendu, les cieux superbes de l’Amérique. Tel est le décor (Giulio Lichtner). Les personnages surgissent de la nuit, y retournent. Seule Marthe ne bouge pas. À la fin, très finement, les deux femmes si différentes seront dans la même petite robe, comme si le tragique dénouement les faisait irréconciliables mais semblables (costumes d’Elsa Pavanel).
On devine que le metteur en scène et son dramaturge, Jean-Luc Vincent, maîtrisent ce qu’ils veulent mettre en valeur dans la pièce. La langue est au premier plan, très bien dite par des comédiens, unis et personnels à la fois. Pierre-Alain Chapuis a la maturité, la profondeur et ce qu’il faut de blessé. Aline Le Berre, fantasque Lechy, cassée et cassante, est très intéressante. Le jeune Pierric Plathier a la nonchalance de Louis, ses faiblesses. Audrey Bonnet donne à Marthe une profondeur, une lumière, une sensibilité qui bouleversent. Elle est remarquable.
Un très beau spectacle, tenu, tendu.
Théâtre de l’Athénée (tél. 01.53.05.19.19), à 19 heures le mardi, à 20 heures du mercredi au samedi, matinées exceptionnelles le dimanche 13 mars à 16 heures, le samedi 19 mars à 15 heures. Durée 2 h 50, entracte compris. Puis en tournée à Sénart du 23 au 26 mars, à Besançon du 12 au 14 avril, à Chambéry du 20 au 22 avril, à Grenoble du 10 au 19 mai.
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série