Une vitesse prenante

RIEN. Une longue table. Des chaises de bois clair. Plus tard, des lits, une balançoire. Le tout déplacé à vue par les comédiens eux-mêmes entre chaque acte. Des lumières. Un piano, une guitare. Des costumes disparates mais tous « exacts », et Christian Benedetti, qui dirige ses camarades et joue, signe une fois de plus une version superbe d’un Tchekhov très connu. On le redécouvre. On suit la représentation très rapide et l’on est, comme jamais, touché, bouleversé.

La méthode Benedetti, vous la connaissez : le texte, d’après la traduction de Françoise Morvan et André Markowicz, est dit très vite, mais non sans intention, sentiment, nuance. Parfois, des blancs trouent la nappe de la représentation. Des silences où toutes les paroles sont suspendues. Souvent, les personnages nous prennent à témoin.

Cela donne quelque chose de miraculeux. On est immédiatement de plain-pied avec les protagonistes et il faudrait citer chacun des 14 interprètes (plus deux qui jouent en alternance), tant ils sont convaincants et incarnent avec une intelligence magnifique les si touchants personnages de Tchekhov. La célérité n’interdit jamais l’émotion. Il y a là quelque chose d’envoûtant, de prenant. L’espace du Studio-Théâtre se prête parfaitement à cette forme « pauvre » et si riche artistiquement. Mais dans toutes les salles, le charme opère. Christian Benedetti est aussi un excellent comédien, comme ses « sœurs », Christine Brücher, Florence Janas, Nina Renaux, sans oublier leur belle-sœur, Elsa Granat, et leur nounou, Isabelle Sadoyan.

Théâtre-Studio d’Alfortville (tél. 01.43.76.86.56, www.theatre-studio.com), du mardi au vendredi à 20 h 30, samedi à 19 h 30 (durée 1 h 50). Jusqu’au 14 décembre. Relâche jusqu’au 23 novembre (représentation le 23 à Nogent-sur-Marne, Scène Watteau). Tournée en 2014.