Deux « Don Carlos » auront cette saison fait autorité sur les scènes françaises. À celui proposé par Warlikowski à Paris, on pouvait reprocher la paresse de la mise en scène et l’hétérogénéité de la distribution. Celui de Lyon se caractérise par trois atouts indiscutables : une qualité de diction devenue rare ; une distribution d’une grande homogénéité ; et la mise en scène du cinéaste Christophe Honoré, respectueuse de l’esprit historique de l’œuvre.
Honoré, son décorateur Alban Ho Van et sa costumière Pascaline Chavanne ont joué le jeu de la fresque historique schillerienne, à laquelle la version originale parisienne en cinq actes de 1867 donne toute sa dimension politique. Le chef permanent Danièle Rustioni et l’Orchestre de l’Opéra de Lyon ont misé sur le drame, sans excès, maîtres des climats et des couleurs qui caractérisent les personnages, et le Chœur a été comme souvent au sommet.
Distribution de premier ordre, avec le somptueux soprano britannique Sally Matthews, qui fait résonner la triste condition de reine malheureuse sans y ajouter des effets vocaux inutiles. De même, le mezzo suisse Ève-Maud Hubeaux ne tire jamais la couverture à elle, campant une Eboli aussi légère dans « l’air du Voile » que profondément blessée dans « O don fatale ». Michele Pertusi reste un roi Philippe II de grande classe, superbe dans le cantabile de son monologue et poignant dans les deux grands affrontements avec Posa et le Grand Inquisiteur. Ce dernier est magnifiquement interprété par Roberto Scandiuzzi, qui donne des noirceurs et une violence contrôlée à son personnage autoritaire. On a rarement vu un meilleur équilibre entre les rôles de l’Infant et de Rodrigue, avec le Russe Sergey Romanovsky, Carlos au timbre clair et aux aigus sûrs, et Stéphane Degout, maître de la cantilène et de l’élégance du phrasé, alliant poésie et noblesse.
Deuxième opéra de cet ensemble Verdi, « Macbeth », dans la production très décalée mise en scène par Ivo von Hove en 2012. Les sorcières sont des traders et, au pays des algorithmes, les intrigues du couple Macbeth perdent beaucoup de leur crédibilité. La distribution, plutôt moyenne, permet à Roberto Scandiuzzi de briller en Banco. La direction de Daniele Rustioni sonne plus triviale, en phase avec la modernité d’un spectacle high-tech, ses vidéos et effets spéciaux.
En concert
L’Opéra de Lyon donne chaque saison un opéra en version de concert coproduit avec le Théâtre des Champs-Élysées. Dans le cadre du festival, « Attila », après avoir été chanté à Lyon puis Paris, a été repris à l’Auditorium de Lyon. La distribution de ces représentations est certainement une des meilleures que l’on peut réunir aujourd’hui, avec des chanteurs russes et italiens. Elle n’atteint cependant pas le degré de perfection requis.
Daniele Rustioni sait parfaitement mener ses troupes et un chœur magnifique dans cette partition, globalement héroïque mais prévue pour la fosse. Les versions de concert, surtout dans les conditions symphoniques de celui-ci, ne rendent pas toujours justice à ces musiques composées pour le théâtre.
Le prochain opéra de Verdi donné en version de concert par l’Opéra de Lyon et Daniele Rustioni en coproduction avec le Théâtre des Champs-Élysées sera « Nabucco », avec Leo Nucci, les 5 et 7 novembre 2018.
Jusqu'au 6 avril. Tél. 04.69.85.54.54, www.opera-lyon.com
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