Municipales : claque électorale pour Buzyn, un médecin aux portes de Marseille, les élus et les battus...

Publié le 29/06/2020

Crédit photo : AFP

Déroute du parti présidentiel, victoire des écologistes et maintien de la droite. Les résultats des médecins et personnalités de la santé au deuxième tour des élections municipales se calquent sur les performances de leur groupe politique au niveau national, à quelques exceptions locales près. Florilège. 

Buzyn, le fiasco

Symbole du camouflet infligé aux candidats LREM, Agnès Buzyn essuie une cruelle défaite à Paris. La maire sortante socialiste Anne Hidalgo emporte largement l'élection municipale (entre 49,2 % et 50,2 % des voix selon les estimations) devant Rachida Dati (31,7 % et 32,7 %) et l'ancienne ministre de la Santé (de 13,7 % à 16 %) tête de liste dans le XVIIe arrondissement, qui ne parvient même pas à obtenir un siège au Conseil de Paris et devra se contenter d'un poste de conseillère d'arrondissement. Le marcheur dissident et lauréat de la médaille Fields Cédric Villani, candidat dans le XIVe arrondissement, connaît le même sort.

Une généraliste aux portes de la cité phocéenne

La situation est plus confuse à Marseille (Bouches-du-Rhône) où le Dr Michèle Rubirola, candidate écologiste à la tête d'une coalition de gauche, revendique une « victoire relative » après 25 années de règne de Jean-Claude Gaudin, figure de la droite en poste depuis 1995. Les listes du Printemps Marseillais, menées par cet ancien médecin de famille (avant d’exercer dans un service de PMI puis au centre d’examen de l’Assurance-maladie des Bouches-du-Rhône), dépassent largement celles de la présidente LR de la métropole et du département Martine Vassal (39,9 % contre 29,8 %). Néanmoins, le scrutin dans la deuxième ville de France se jouant par secteurs, il n'y a « pas de majorité à Marseille » à ce stade, a insisté la candidate LR, donnant rendez-vous au « troisième tour », c'est-à-dire à l'élection du maire par le conseil municipal vendredi 3 juillet. Autre médecin en lice dans la cité phocéenne, le Pr Yvon Berland, PU-PH de néphrologie étiqueté LREM, fait un flop en arrivant en cinquième et dernière position éligible à l'élection centrale, avec 1,60 % des voix.

Du côté des personnalités, Martine Aubry, ex-ministre de l'Emploi et des Solidarités et maire sortante de Lille, parvient à conserver d'un cheveu (227 voix) ce bastion socialiste face au candidat écologiste Stéphane Baly.

À Fontainebleau (Seine-et-Marne), Frédéric Valletoux, maire sortant et président de la Fédération hospitalière de France (FHF), rempile pour un troisième mandat sous l'étiquette d'AGIR (parti de centre droit) grâce à une franche victoire (60,4 %) sur son ancien adjoint Cédric Thoma (LR, 39,6 %).

Ça (re)passe également pour le Dr Emile-Roger Lombertie (LR, 58,9 %), psychiatre et maire de Limoges (Haute-Vienne) depuis 2014.

Grande victoire des écologistes, la ville de Strasbourg (Bas-Rhin) verra une nouvelle fois siéger au conseil municipal le Dr Alexandre Feltz, médecin généraliste (5e sur la liste EELV de la nouvelle maire Jeanne Barseghian), président de MG France Alsace et adjoint à la santé depuis 2014.

Très présent pendant la crise sanitaire, le Dr Jean Rottner (divers droite), urgentiste et président de la région Grand-Est, conserve son siège à la mairie de Mulhouse (Haut-Rhin), qu'il a dirigé de 2010 à 2017. Il était deuxième sur la liste de Michèle Lutz (Divers droite, 38,6 %), à qui il a cédé les clés de la ville en 2017.

Aux Pennes-Mirabeau (Bouches-du-Rhône), le médecin généraliste Michel Amiel, par ailleurs sénateur Les Indépendants – République et territoires et vice-président de la commission des Affaires sociales, remporte la mairie avec 44,3 % des voix.

Le duel de médecins annoncé au Grau-du-Roi (Gard) a tourné en faveur du sortant. Le Dr Robert Crauste (DVG), généraliste dans la station balnéaire qui prendra sa retraite à la fin de l’année, est réélu confortablement (58,2 %) face au Dr Charly Crespe, psychiatre hospitalier trentenaire et novice en politique, dont la liste penchait à droite (41,8 %). 

À Sète (Hérault), la droite s'arrime avec la réélection aux destinées de « l’île singulière » du Dr François Commeinhes (LR), gynécologue. L’ancien sénateur (2014-2017) rassemble 47,1 % des suffrages pour son quatrième mandat.

À Milhaud (Gard), petite ville située en périphérie de Nîmes, le Dr Jean-Luc Descloux, généraliste dans le village et médecin auprès de la Croix-Rouge, est lui aussi réélu avec confort dans un contexte de triangulaire avec 58,9 % des suffrages.

Déçus à Aubagne, Biarritz et Marmande

Ces élections comptent aussi leur lot de médecins candidats malheureux. À Aubagne (Bouches-du-Rhône), le Dr Joëlle Mélin, médecin en rééducation fonctionnelle et conseillère santé du Rassemblement national, n'obtient que 8,7 % des voix face au maire LR sortant Gérard Gazay, réélu avec 48 % des voix.

Autre figure du parti de Marine Le Pen, à Vauvert (Gard), le Dr Jean-Louis Meizonnet (RN), médecin généraliste en retraite et père du député local Nicolas Meizonnet (RN), échoue pour la deuxième fois à conquérir la ville tenue par le socialiste Jean Denat. 155 voix séparent les deux hommes alors que 3 822 inscrits ne se sont pas déplacés aux urnes.

Ravie par les écologistes (43,8 % pour la liste d'Anne Vignot), Besançon (Doubs) délaisse le Dr Éric Alauzet (14,5 % des voix, en troisième position), médecin généraliste qui a souffert de son étiquette LREM.

Lyon passe également au vert avec la nette victoire de Grégory Doucet : le chirurgien urologue Georges Képénékian, président du conseil de surveillance des HCL et dissident LREM, reste au bord de la route (16,8 % des voix).

En deuxième position sur la liste du maire sortant d'Orléans (Loiret) Olivier Carré (ex-LR rallié à LREM), la rhumatologue et députée Stéphanie Rist n'arrive qu'en troisième position derrière les écologistes et la droite, qui reconduit l'ancien maire LR Serge Grouard.

À Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), la centriste Anne Le Gagne, gériatre et présidente de la CME de l'hôpital, n'a rien pu faire face au député de la ville Gilles Lurton, qui empoche 70,7 % des voix de la cité corsaire.

Le généraliste Daniel Benquet a dû céder les clés de Marmande (Lot-et-Garonne), conquise en 2014, à son opposant socialiste Joël Hocquelet, élu à 54,6 % des voix.

Le Dr Guillaume Barucq, généraliste (Divers centre) chantre du sport sur ordonnance, ne parvient pas à s'imposer (26,3 %) à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) face à la candidate LR Maider Arosteguy (50,2 % des voix).

Au premier tour, une vingtaine de médecins et personnalités du monde de la santé avaient gagné leur pari sans attendre (élus au premier tour ou sur une liste élue). Parmi eux : le Dr Jean Leonetti (LR, Antibes-Juan-les-Pins), le député Philippe Vigier (Divers droite, Cloyes-les-Trois-Rivères), le Pr Philippe Juvin (LR, La Garenne-Colombes), le Dr Pierre Morange (divers droite, Chambourcy) le ministre de l'Action et des comptes publics Gérald Darmanin (Tourcoing) et l'ancien ministre de la Santé Xavier Bertrand (Saint-Quentin).


Source : lequotidiendumedecin.fr