Après des mois de flottement, la France a un nouveau gouvernement. Avec à la Santé, une médecin allergologue ministre de plein exercice ! Cette semaine, le secteur a adressé une pluie de félicitations (et de doléances pressantes) à la Dr Geneviève Darrieussecq. Il faut dire que, pour cette huitième locataire de Ségur depuis le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, les syndicats étaient rompus à l’exercice. Ayant exercé la médecine en libéral et à l’hôpital, elle est aussi habituée des arcanes du pouvoir après plus de 20 ans en politique, avec des fonctions locales de maire et de conseillère régionale, sans oublier un siège de député et plusieurs mandats ministériels… Le solide CV de la nouvelle patronne de la Santé et de l’Accès aux soins donne des gages de compétence et d’équilibre.
Son CV rassurant ne doit pas masquer l’ampleur de la tâche qui l’attend
Mais cela ne doit pas masquer l’ampleur de la tâche qui l’attend. Ce ministère, certes de plein exercice, lui permettra-t-il de peser face à Bercy, et ce dès le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025 ? Alors que le déficit de la branche maladie devrait dépasser les 11 milliards d’euros, que l’hôpital public réclame 6,3 milliards supplémentaires, que les libéraux attendent toujours le fameux « choc d’attractivité », les arbitrages s’annoncent très compliqués, sans compter les pistes d’économies inévitablement réclamées au secteur de la santé.
L’exercice est d’autant plus périlleux que la profession attend des actes forts pour améliorer ses conditions de travail dans un contexte de démographie médicale en berne et de désertification grandissante. Mais l’accès aux soins concerne l’ensemble des Français et il faut s’attendre aussi, dans une Assemblée nationale morcelée, à voir resurgir des tentatives de régulation de l’installation. Autre dossier clivant, la remise en question de l’aide médicale d’État (AME) pour les étrangers sans papiers, sous l’œil inquiet des soignants.
Si le baptême du feu sera le budget de la Sécu, d’autres sujets mis sous le boisseau devront être repris : prévention, lutte contre les violences sexistes et sexuelles, santé des blouses blanches, délégations de tâches, quatrième année d’internat de médecine générale mais aussi soins palliatifs et fin de vie… D’ores et déjà la nouvelle ministre a prévenu : « Je ne ferai pas de miracles, je ne suis pas une fée ». Pas de baguette magique donc, mais une volonté politique peut-être ?
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